Comment faire sa coloration naturelle pour le textile ?
Les plantes possèdent de nombreuses vertus, et permettent même de teindre les textiles. Une bonne alternative aux colorations industrielles… Mais l’exercice demande tout de même de la patience et de la pratique. Marie Marquet, spécialiste du sujet, nous éclaire.
Vous souhaitez teindre vos vêtements sans recourir aux colorations industrielles ? Il est possible de puiser dans la nature les éléments nécessaires à ces teintures. Et si c’est un sujet qui interpelle davantage le grand public depuis quelques temps, la pratique, elle, ne date pas d’hier. "On a trouvé des traces démontrant que les teintures végétales étaient utilisées à la fin de l’âge du Bronze (environ 3000 ans avant JC, Ndlr). On peut imaginer qu’il y en avait aussi pendant la Préhistoire mais nous n’avons pas fait de trouvailles qui nous permettent de l’attester", explique Marie Marquet, teinturière, archéologue, ethnologue et auteure du « Guide des teintures naturelles , aux éditions Belin.
Aujourd’hui, cette pratique se poursuit. Elle permet de renouer avec la nature, d’être autonome dans sa cueillette des végétaux, de s’extraire de l’industrialisation pour revenir à une approche plus locale et authentique. Pour autant, la spécialiste prévient que pour obtenir une belle coloration de ses textiles, il n’y a pas de recette toute faite et la chaîne opératoire est un peu complexe.
Quelques conseils de préparation
Il est possible de teindre toutes sortes de fibres y compris celles artificielles. Mais en général, quand on adopte cette démarche, on choisit aussi des fibres naturelles comme la laine, la soie, le coton, le lin… "Les méthodes varient en fonction des matières mais, à chaque fois, il faut avoir le même ratio entre le poids de la plante sèche et le poids du tissu", précise Marie Marquet. Par ailleurs, pour obtenir de beaux résultats, mieux vaut choisir un joli tissu qui n’est pas tâché ni trop usé car il risque de conserver ces traces.
Pour teindre, prévoyez une marmite de récupération, distincte de vos ustensiles de cuisine. Sachez que si celle-ci est en cuivre, elle risque de donner une couleur plus foncée et terne à vos textiles. Les récipients en fonte ou en fer émaillé abîmés sont à éviter car ils peuvent tâcher le tissu.
Pour préparer une teinture végétale artisanale, le mordançage est une étape importante et souvent nécessaire. Elle consiste à mettre des sels métalliques (fer, cuivre, aluminium, étain…), appelés les « mordants », au contact des fibres pour faire tenir la couleur.
Quelques conseils de préparation
Il est possible de teindre toutes sortes de fibres y compris celles artificielles. Mais en général, quand on adopte cette démarche, on choisit aussi des fibres naturelles comme la laine, la soie, le coton, le lin… "Les méthodes varient en fonction des matières mais, à chaque fois, il faut avoir le même ratio entre le poids de la plante sèche et le poids du tissu", précise Marie Marquet. Par ailleurs, pour obtenir de beaux résultats, mieux vaut choisir un joli tissu qui n’est pas tâché ni trop usé car il risque de conserver ces traces.
- Dissolvez dans de l’eau bouillante du sel d’alun (à acheter en pharmacie). Comptez l’équivalent de 20 % du poids du tissu sec. Et allongez avec de l’eau moins chaude.
- Trempez la soie dans ce liquide toute une nuit pour la préparer à être teinte. C’est l’étape du mordançage.
- Préparez une décoction avec des pelures d’oignons jaunes en les faisant bouillir dans de l’eau.
- Essorez la soie. Vous pouvez nouer ou plier votre tissu pour créer des motifs.
- Filtrez la décoction. "On ne garde que le jus et on cuit à chaud, au bord du frémissement la soie dedans pendant environ 1 heure. Puis, on laisse refroidir dans le bain", ajoute la teinturière.
- Lavez et séchez la soie.
La quantité de végétaux utilisée est importante. Mieux vaut commencer avec quelque chose d’économique comme ici en recyclant ses pelures d’oignons. Ceux-ci donneront une jolie teinte orangée à la soie.
Des teintes variables selon les végétaux
Les végétaux offrent ainsi des colorations diverses. Des feuilles de thé apporteront une nuance ocre à vos tissus, les fanes de carotte une couleur jaune, la garance et la cochenille une teinte rouge, la peau d’avocat une coloration rosée-brun. "La couleur visible du végétal n’est pas forcément celle que l’on obtient en coloration ", prévient Marie Marquet. Si vous voulez obtenir du bleu ou du rouge, les plantes seront plus difficiles à trouver et les recettes plus complexes à réaliser.
Plusieurs essais sont nécessaires pour trouver les bons dosages en fonction des fibres, des végétaux employés, de la dureté de l’eau... Vous trouverez une aide précieuse dans les ouvrages spécialisés mais également en participant à des ateliers sur le sujet.