Les laits infantiles potentiellement contaminés par des dérivés d’hydrocarbures toujours sur le marché
Depuis plusieurs mois, l’ONG Foodwatch demande le retrait en France de deux laits en poudre : le lait Nidal premier âge (0-6 mois) de Nestlé, et le lait Gallia Galliagest Croissance sans lactose (12 mois-3 ans) de Danone. Tous deux sont suspectés d’être contaminés par des dérivés d'hydrocarbures (MOAH). Sans action du gouvernement, l'organisation repasse à l'offensive.
Allaiter au sein ou opter pour le lait en poudre ? Une question que se pose de nombreux parents à la naissance de leur bébé. Si le choix appartient à chaque jeune maman, la composition de certains laits maternisés, bien qu'elle soit strictement encadrée, fait régulièrement l'objet de diverses polémiques. Ce fut notamment le cas de Lactalis avec l'affaire du lait contaminé aux salmonelles produit dans l'usine de Craon, en Mayenne, fin 2017. Ou encore, plus récemment, le scandale des vers retrouvés dans des boîtes de lait infantile Gallia, de Danone. Par ailleurs, les nanoparticules industrielles, largement utilisées notamment pour améliorer, l'aspect, la couleur et la texture des aliments sont largements présentes dans ces produits, soulignait en juin 2020 l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
La composition de certains laits pour bébé est aussi dans le collimateur de plusieurs associations de consommateurs ou de jeunes parents. C'est notamment le cas de l'ONG Foodwatch, qui combat depuis 2015 la présence de dérivés d’hydrocarbures dangereux pour la santé dans l’alimentation. L'organisation a lancé, il y a huit mois, une pétition en ligne afin d’interdire la commercialisation de deux laits en poudre en France et en Allemagne. Il s'agit du lait Nidal premier âge (0-6 mois) de Nestlé, et du lait Gallia Galliagest Croissance sans lactose (12 mois-3 ans) de Danone. Elle dénonçait la présence d'huiles minérales aromatiques, aussi appelées MOAH et jugées "potentiellement cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens" par l’autorité sanitaire française Anses.
Au vu de l’inaction du gouvernement malgré les 65 000 signatures recueillies, l'organisation remonte au créneau. Car, après avoir interpellé les deux marques visées, celles-ci n'ont apporté aucune réponse.
Des preuves inexploitées
Foodwatch a saisi les 109 préfets de France "par voie d’avocat pour leur demander de retirer ces produits de la vente, au nom du principe de précaution", déclare l’ONG dans un communiqué. Elle accuse le gouvernement, en particulier la répression des fraudes (DGCCRF), de non transparence envers la population. En effet, Foodwatch a réalisé une série de tests démontrant la présence de dérivés d’hydrocarbures dans certains laits en poudre, mais la DGCCRF n’a pas rendu public ces documents.
En l’absence de risque aigu pour la santé des bébés et en l’absence de seuil de dangerosité vis-à-vis d’un risque chronique fixé par les autorités européennes, aucun retrait du marché n’est envisageable actuellement pour ces produits, selon Ouest France.
Des normes différentes en Europe
Selon la DGCCRF, "il faut des seuils harmonisés au niveau européen". En effet, les deux laits commercialisés en France sont fabriqués dans d’autres pays de l’Union européenne, alors qu’un troisième lait commercialisé en Allemagne par Nestlé et fabriqué en France est aussi soupçonné.
Les fabricants français d’aliments pour bébé (SFAE) ont tenté de rassurer les consommateurs en indiquant dans un communiqué que "les produits de nutrition infantile peuvent être consommés en toute sécurité". La Commission européenne "devrait par ailleurs fournir très prochainement ses conclusions sur les mesures à mettre en œuvre et définira un seuil d’action", poursuit l’association.
Par Justine Cerqueira et Elodie-Elsy Moreau