Pêche en eaux profondes : les subtiles mensonges d'Intermarché

Poissonnerie intermarché
Crédit photo : Ouest France
Par Manon Laplace publié le
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L'association Bloom qui défend les ressources marines épingle Intermarché pour ses pratiques de pêche et son hypocrisie en la matière. Le distributeur, qui s'était engagé à promouvoir une pêche durable continue d'encourager les pêcheries industrielles et destructrices.

Ils étaient près de 900 000 signataires à demander l’interdiction du chalutage profond pour les compagnies européennes en novembre 2013. Une contestation orchestrée par Bloom, organisation pour la préservation des milieux marins, et rendue virale par la dessinatrice Pénélope Bagieu et sa BD édifiante sur les conséquences du chalutage en eaux profondes.

Une mobilisation de taille, mais pas suffisante, puisque le Parlement européen - et notamment la France - rejetait le mois suivant une proposition de loi visant à interdire le chalutage profond à l’étude depuis 2012.

Pour autant l’ampleur du mouvement citoyen n’était pas restée sans écho. Et les distributeurs Casino et Carrefour s’étaient engagés à retirer certaines espèces issues d’eaux profondes de leurs étals à compter de janvier 2014.

Dans leur sillon, Intermarché, dont la flotte de pêche  - la Scapêche - était largement mise en cause par Bloom, promettait de ne plus aller chercher de poisson en-deçà de 800 mètres. “800 mètres, c’est encore très profond, et assez loin de l’idée d’une pêche durable" déplore Claire Nouvian, fondatrice de l’association Bloom interrogée par Bio à la Une.

Écran de fumée. Un an après la maigre promesse du distributeur, Bloom dénonce avec virulence “le double jeu d’Intermarché”. Loin d'engager des mesures suffisantes, le groupe continue d’oeuvrer contre l’interdiction du chalutage profond. "Intermarché a financé l'association Blue Fish" explique Claire Nouvian. Association qui cache en fait un lobby auto-proclamé en faveur d'une pêche durable. Et qui veille à ne pas nuire à l’industrie halieutique. En substance : Blue Fish lutte contre l'interdiction de certaines pratiques comme le chalutage tout en revendiquant une pêche raisonnée. Deux idées a priori difficilement concicliables. 

D'autant que la volonté de préserver le chalutage pour ne pas nuire au secteur de la pêche est basée sur un mensonge pour la fondatrice de Bloom selon qui “la pratique de la pêche chalutière et industrielle à laquelle est dédié le Blue Fish​ est la plus destructrice et la moins intéressante sur le plan de l’emploi.

Une opération de verdissage qui se traduit aussi par la récente demande de la Scapêche de faire certifier par l’organisme MSC (Marine Stewardship Council) certains de ses poissons issus de la pêche chalutière. “La demande de certification d’Intermarché par le MSC jette le doute, soulève Claire Nouvian, pendant le temps que dure l’évaluation  - en moyenne 18 mois, ndlr - Intermarché peut associer son nom à une démarche de pêche durable. C’est une imposture.”

Faire la lumière. Le Marine Stewardship Council se défend quant à lui de participer à une quelconque opération de greenwashing. “Notre seul objectif est de faire la lumière sur un débat qui fait couler beaucoup d’encre” justifie Edouard Le Bart, responsable du MSC France. Et de souligner l’indépendance des experts en charge de l’évaluation. 

Edouard Le Bart met en garde contre la confusion : l’entrée en évaluation est ouverte à toutes les pêcheries sans discrimination, mais elle est loin de garantir la certification du candidat. Et rien ne peut encore laisser présager de la labellisation ou non des captures de la Scapêche. Mais Bloom met en garde qu’il s’ “opposera formellement à la certification MSC des pêches profondes d’Intermarché."

Source : Bloom - La trahison d'intermarche sur la pêche profonde
Crédit photo : Ouest France