Stéphane Le Foll dévoile son plan pour réduire de moitié l'usage des pesticides en France
Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a présenté son nouveau plan Ecophyto vendredi 30 janvier. Une deuxième mouture qui fixe les grandes lignes du projet de réduction de l'usage des pesticides en France.
Les mesures majeures du plan Ecophyto 2 ont été anoncées vendredi 30 janvier par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. Une version bêta qui signe l’échec du plan Ecophyto initial, lancé lors du Grenelle de l’environnement en 2008.
Ecophyto 2 vise à réduire d’un quart l’usage des produits phytosanitaires d’ici à 2020 et de moitié d’ici à 2025, quand la première version du plan se fixait le même objectif pour 2018. Loin d’atteindre son dessein, le premier plan Ecophyto s’est soldé par un lourd échec, comme le pointait le rapport parlementaire du député PS Dominique Potier, remis le 23 décembre à Manuel Valls et qui faisait état d’une hausse de 9,2 % de l’usage des pesticides en France en 2013. Et de plus de 10 % depuis 2009, malgré la reconnaissance de leurs danger pour la santé et l'environnement.
Privilégier les méthodes naturelles
Alors qu’elle est le troisième pays consommateur de pesticides au monde, la France devrait allouer 70 millions d’euros à son plan de réduction des phytosanitaires. Parmi les mesures annoncées, le développement des fermes “Dephy”. Des exploitations qui se sont essayées à une gestion agroécologique des cultures. Un retour à des pratiques fermières traditionnelles comme la rotation et la pluralisation des cultures, par opposition aux monocultures, un choix de semences mieux adapté au territoire ou encore le recours à des méthodes naturelles pour protéger les plantes. Des principes qui ont permis aux 2 000 fermes à l’essai de réduire leur usage de pesticides de 12 % en 2013 et qui pourraient à terme aboutir à un système de certification.
Privilégier les méthodes naturelles
Incitatif pour les producteurs, le deuxième jet du plan Ecophyto présente des mesures punitives pour les distributeurs de produits phytosanitaires. Selon les rapporteurs du plan, le recours à des outils adaptés permettrait d’économiser des millions de doses unités (Nodu) de pesticides. Et des obligations de réduction de 20 % des Nodu vendus sur cinq ans seront imposées aux distributeurs. Lesquels se verront pénalisésde 11€ par Nodu non économisé.
Convaincre les agriculteurs
“Il faut continuer le travail de conviction” estimait Stéphane Le Foll dans une interview du 29 janvier accordée à Libération. Et pour cause, seuls 13 % des producteurs se disent prêts à se convertir à un modèle agroécologique. Pluôt que de vendre des phytosanitaires, les distributeurs seront incités à proposer des services alternatifs aux exploitants et à les guider dans leur usage.
“[Ce n’est pas encore très vert] mais on progresse” reconnaît le ministre dans ce même entretien à propos de l’incohérence de certaines mesures annoncées avec la volonté de verdir l’agriculture française. Comme celle d’autoriser les pesticides sur les surfaces d’intérêt écologique. La parfaite illustration que le plan Ecophyto ne va pas assez loin.
Une ambition dont la Fondation Nicolas Hulot pour l’environnement dénonce la faiblesse dans un communiqué du 27 janvier. Sont notamment soulignées des mesures non-retenues, pourtant jugées nécessaires. Comme le développement de l’offre en produits bio et locaux dans les cantines par le biais d’une prime nationale.
La nouvelle version du plan Ecophyto doit désormais être discutée avant d’être officiellement adoptée. Ce qui n’est pas attendu avant juin 2015.