Dans les pas d’un agriculteur bio
Le WWOOFing est une organisation qui permet à des volontaires de donner un coup de main à des agriculteurs biologiques en échange du gîte et du couvert. Lepetitjournal.com a joué le jeu et s’est mis au vert le temps d’un week-end. Reportage.
Dimanche matin, 9h à la Fonda Maquehua à une heure de Santiago, nous sommes sur le branle-bas de combat, bottes en caoutchouc aux pieds et pelle à la main. Aujourd’hui c’est arrachage de mauvaises herbes, rebouchage de trou et contrôle du système d’irrigation chez Roberto. Et il y a du pain sur la planche. Pourtant Roberto n’est ni notre ami (ou du moins pas encore) ni membre de notre famille. Nous l’avons rencontré sur internet, grâce à un réseau mondial qui met en contact volontaires et agriculteurs bio : c’est le WWOOFing (World Wide Opportunities on Organic Farms). Roberto Trincado, etymologue à Santiago en semaine et heureux propriétaire de 250 hectares dont une vingtaine dédiés à la culture de noix et d’amandes nous accueille pour quelques jours et en échange d’un lit et d’un couvert, nous lui donnons un coup de main sur son exploitation. L’échange ne se résume pas aux simples bricoles que Roberto nous propose de faire pour alléger sa liste des travaux du week-end puisqu’en faisant le tour du propriétaire (une belle promenade compte tenu de l’immensité du domaine et de la beauté du paysage) Roberto nous transmet également sa passion de la nature, des cultures biologiques, ses inquiétudes face à l’érosion et les difficultés rencontrées par les agriculteurs au Chili. Et il sait de quoi il parle puisque c’est le cœur gros qu’il voit chaque année son exploitation se réduire comme peau de chagrin alors que les terres asséchées sont de moins en moins fertiles et que de nombreux santiaguinos sont prêts à payer le prix fort pour se construire un nid douillet à quelques dizaines de kilomètres de la capitale.
WOOFing et WWOOFer
Né en Angleterre dans les années 1970, l’idée de travailler bénévolement dans une ferme bio en échange du gite et du couvert a gagné une soixantaine de pays, de l’Equateur au Kazakhstan en passant par l’Italie. L’organisation est divisée en réseaux nationaux gérés de manière indépendante. Le WWOOFer qui souhaite travailler au Chili devra donc prendre contact avec WWOOFing Chile et, après avoir payé la cotisation qui permet d’indemniser la personne en charge de la gestion du réseau dans le pays, il recevra la liste des fermes qui proposent d’accueillir des volontaires. Au Chili, l’organisation est récente puisque la liste, qui rassemble aujourd’hui plus d’une quarantaine de fermes (contre 400 exploitations sur la liste française), a vu le jour en 2002. Son créateur, Gastón Fernández Iglesias, devenu responsable du réseau national explique qu’au Chili le WWOOFing a connu un essor important en 2008 même si la pratique reste peu connue, aussi bien du côté des potentiels volontaires que du côté des agriculteurs. C’est en parcourant les colonnes de la Revista del Campo que Roberto Trincado, notre hôte avait découvert le WWOOFing il y a un an et demi et il est très satisfait d’avoir rejoint le réseau. « J’ai été séduit par l’idée tout simplement parce que j’aurai adoré faire du WWOOFing étant plus jeune, quand j’avais le temps de voyager » ajoute-t-il. Avec des séjours pouvant varier de quelques jours à plusieurs mois pour un apprentissage très complet au fil de la saison agricole, le WWOOFing permet de voyager différemment, en participant à une vie familiale et rurale, en découvrant le savoir-faire lié à l’agriculture biologique et en soutenant les projets de développement durable.
Claire Le Nestour (www.lepetitjournal.com Santiago) Lundi 17 août 2009