Le bio, choix laborieux mais fructueux
Damien Laurent, viticulteur à Saint-Loubès, a sauté le pas, il y a un an, pour ne pas « polluer » sa famille, qui vit près des vignes. Il a rejoint le cercle des 311 vignerons bio aquitains. « Depuis l'hiver dernier, je me suis rendu dans une soixantaine d'exploitations et, cette année, le nombre de demandes de conversion a doublé », note Etienne Laveau, conseiller en viticulture bio pour la chambre d'agriculture de Gironde. Sur 125 000 hectares de vignes, le département compte 1 718 hectares de raisin bio et 1 064 en cours de conversion.
Outre le respect de la nature, l'intérêt des vignerons s'explique, notamment, par une hausse de 25 % de la consommation d'aliments bio en 2008, en France. Par ailleurs, un vin de ce type se vend plus cher : jusqu'à 1 800 euros le tonneau, contre moins de 900 euros pour le vin classique. Mais la conversion est longue - trois ans - et coûteuse. Elle demande aussi une nouvelle approche de la viticulture. « Les produits sont naturels, donc moins chers, souligne Damien Laurent, mais on passe plus de temps dans les vignes. » A chaque pluie, il faut les traiter et accepter « de voir de l'herbe et des taches sur les feuilles ». La conversion peut également engendrer des pertes : Damien Laurent sait déjà que deux ou trois de ses 34 hectares ne donneront rien cette année. « Il y a des ratés sur les parcelles les plus sensibles. Avec les produits chimiques, on ne s'en rendait pas compte. On apprend à mieux connaître sa vigne. » D'ailleurs, en 2007 et 2008, années dévastatrices, « ce sont les producteurs qui étaient le plus en contact avec la vigne qui s'en sont le mieux sortis », rappelle Etienne Laveau. Autre difficulté, les salariés doivent adhérer à ce type d'agriculture. C'est pourquoi une partie des vignes utilisées pour la formation va bientôt passer au bio. W
20minutes.fr - Orianne Dupont - Créé le 23.09.09 à 07h41