Gaspillage alimentaire : le déjeuner 100% déchets des dirigeants de l’ONU
Le gaspillage alimentaire est une problématique éthique et écologique majeure. Pour y sensibiliser les dirigeants mondiaux, deux chefs ont servi un repas entièrement constitué de déchets à l'ONU.
Dan Barber est un chef cuisinier ambitieux qui milite pour une gastronomie aussi éclatante que vertueuse. Dimanche 27 septembre lors d’un sommet co-présidé par François Hollande, l’éco-cuisto s’est associé à Sam Kass, ancien cuisinier de la maison blanche, afin d'exhorter les dirigeants du monde entier à réfléchir à l’alimentation du futur.
Les deux chefs ont frappé un grand coup : pour le déjeuner, le siège New Yorkais de l’ONU a remis sous cloche ses menus traditionnels pour laisser place à une carte 100% made in déchets. «Le défi [était] de créer quelque chose de vraiment délicieux, à partir de ce que nous aurions autrement jeté», confie Dan Barber à l’AFP.
Hamburger végétarien à base de pulpe de fruits pressés et frites de maïs destiné à nourrir les animaux. Les chefs ont revisité un classique de la gastronomie outre-Atlantique sur fond de recyclage. Une manière de remettre la question du gâchis alimentaire sur le haut de la pile en prévision de la COP21 qui se tiendra à Paris à la fin de l’année.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un tiers de la nourriture produite est jetée. Les dirigeants doivent se saisir du sujet. Les déchets alimentaires génèrent l’équivalent de 3,3 milliards de tonnes carbone par an, soit un peu moins que les émissions de la Chine ou des États-Unis. Mais pour les chefs, le ralliement des dirigeants à leur cause ne doit pas passer par la culpabilisation. Pour sensibiliser au gaspillage alimentaire, il fait faire intervenir la notion de plaisir. «Vous n’y arrivez pas en faisant la leçon, vous le faites par hédonisme, en préparant à ces dirigeants un repas délicieux qui les fera réfléchir et passer le mot», ambitionnent-ils.