Culture bio. De ferme en ferme ils apprennent
Dans les Côtes-d'Armor, cinq fermes accueillent des voyageurs et popularisent la culture bio. Un programme d'échanges qui met en contact les agriculteurs et des gens désireux de connaître l'univers de la campagne.
Après quelques heures de traversée, le ferry arrive à Saint-Malo. Graham Baggot est prêt à commencer son expérience dans une ferme bio. Il prend son vélo, son sac à dos et se met en route: «La carte indiquait 40km pour aller jusqu'à Broons, une petite demi-journée à vélo, mais il pleuvait», regrette cet Écossais âgé de 26 ans. Le projet WWOOF (World-wide opportunities in organic farms, ce que l'on peut traduire comme des opportunités mondiales dans des fermes bio) est né en Angleterre au début des années 1970. Une pratique qui a gagné la France en 2007, grâce une famille d'agriculteurs qui voulait «protéger notre planète et ses habitants».
La philosophie de ce projet repose sur un travail volontaire en échange du gîte et du couvert. Le premier pas consiste à acheter, sur internet (*), la liste des fermes d'un pays choisi, pour15€. Le choix est large avec 88nations différentes et plus de 6.000 fermes, dont 400en France. Ainsi l'Écossais Graham Baggot est arrivé il y a une semaine aux Champs-Queneux, à 4km de la commune de Broons. À la tête de la ferme, un jeune couple accueille des gens venus les aider pour la récolte des pommes et la construction d'un four à pain. Costina, 28 ans et Gwénolé Gwentina, 27 ans, ont acheté cette ferme de deux hectares il y a trois ans.
Depuis un an, ils ont déjà partagé leur quotidien avec plus d'une quinzaine de nationalités. «Les gens sont sympas, ils viennent pour apprendre.
Ce projet est un véritable échange d'expériences», affirme Gwénolé. Il partage son temps entre son travail à l'auberge de jeunesse de Dinan, son potager, les moutons et le verger de pommes à cidre. «L'année dernière, on a fait 700 bouteilles de cidre artisanal et les ?woofers? nous ont aidés».
Cinq fermes costarmoricaines
Dans les Côtes-d'Armor, il y a cinq fermes qui participent au WWOOF. Par exemple, la ferme pédagogique de Hamida Boukaïs et François Galliou, à Trémargat, à 30km de Guingamp. Il y a six mois qu'ils accueillent des ?woofers? venus les aider à organiser des ateliers pour les jeunes de 6 à 17 ans. «Je trouve que le woofing est une manière économique et intelligente de voyager. Mais après ces quelques mois d'expérience, je pense qu'il faut que ces voyageurs fassent un peu plus d'efforts pour s'intégrer au quotidien de la famille», estime Hamida.
Des fermes pour apprendre le breton
Hervé Genty tient une ferme à Canihuel et depuis un an, il accueille des adhérents qui l'aident dans sa production bio. En échange de ce coup de main pour la fabrication du pain, vendu ensuite sur le marché, le travail dans le potager et avec les moutons, il partage sa connaissance du breton. Il défend l'initiative: «Les gens sont là pour découvrir l'activité d'une ferme. Ce n'est pas du travail au noir». Pour Leela Roberts, cette formule lui a permis de découvrir la France et d'apprendre un peu de français. Cette Nord-Américaine de l'État du Montana, aux États-Unis, a commencé cette expérience dans des fermes italiennes. En janvier dernier, elle est arrivée en France, dans une ferme à côté de Saint-Pons de Thomières, dans l'Héraut, quand il faisait encore très froid. «Je pensais que dans le Sud, il faisait plus chaud et c'est pour ça que j'y suis allée, mais l'important a été de rencontrer des gents intéressants, le WWOOF a changé ma personnalité». Pour l'Écossais Graham, la question est maintenant de trouver la prochaine ferme. «Ça fait une semaine que je suis là, le travail me plaît, ce n'est pas difficile, mais je veux découvrir d'autresquotidiens et pratiquer plus le français». Son vélo est prêt à repartir.