L’utilisation des pesticides toujours en hausse en France
C’est une déception. La consommation et l’achat de pesticides sont en hausse en France malgré la progression du bio et la politique actuelle qui souhaite réduire de moitié leur usage avec, notamment, le plan ecophyto.
Des chiffres en hausse
Mardi 8 mars dernier, le ministère de l’Agriculture a rendu publics les nouveaux chiffres sur l’utilisation des pesticides en France. Résultats : la consommation de produits phytosanitaires est toujours en hausse dans l’hexagone. Entre 2011 et 2014, elle aurait augmenté de 5.8%. Les chiffres sont dévoilés sur une période lissée, afin de prendre en compte les aléas climatiques, et ne comptabilisent pas les substances qui enrobent les semences (les néonicotinoïdes par exemple, ndlr). La hausse serait même de 9.4% entre 2013 et 2014.
Uniquement sur la vente brute de produits chimiques, la hausse est de 16% pour les agriculteurs et de 10% pour les jardiniers amateurs et municipaux. Ces derniers devront toutefois apprendre à s’en passer à cause de l’interdiction définitive - reportée une fois - prévue pour le 1er janvier prochain.
Les traitements sur les fruits et légumes sont énormes. On en compte en moyen 8.5 sur les cerises, 12 pour les tomates et 35 sur les pommes alors que les rendements ne progressent pas. L’agriculture chimique est dans une impasse et les tentatives du gouvernement pour la corriger sont bien maigres en succès.
Des politiques à tâtons
Les chiffres sont mauvais malgré le plan Ecophyto, lancé en 2009 par le ministère de l’Agriculture en collaboration avec la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), les associations écologiques et les chambres d’agricultures. Ecophyto est un plan ayant pour objectif de diviser par deux l’utilisation des produits phytosanitaires en 10 ans. À trois ans de l’échange, les résultats sont décevants, car aucune baisse ni stagnation n’a été constatée. Seule l’expérience du projet Dephy démontre qu’il est possible de réduire les doses de pesticides sans diminuer les rendements pour les agriculteurs actuellement en conventionnelle.
Dephy : un réel défi ?
Dephy est officiellement le réseau de démonstration, expérimentation et production de références sur les systèmes économes en phytosanitaires. Constitué de 1900 fermes, il a expérimenté depuis 2012 des techniques agricoles inspirées par l’agroécologie. Les résultats ne sont pas révolutionnaires, mais apportent un peu d’espoir. En deux ans, les exploitations ont réduit leurs épandages entre 10 et 38%. Cette initiative a également un but pédagogique afin que les agriculteurs arrivent à convaincre leurs confrères.
Dans cette ère de beaux discours sans grand résultat, le plan Ecophyto 2 verra le jour au printemps. Son budget va passer de 40 à 71 millions d’euros par an et aura le même objectif de réduction reporté à 2025.
Tant qu'il restera des pesticides vendues en France, il restera des champs de bataille pour l'agriculture biologique.