“Famille presque zéro déchet”: Ils ont fait le choix d’un mode de vie durable
Abasourdie par l'état de l'écosystème océanique et le surplus de déchets, une famille landaise a décidé de mener une bataille contre ses propres déchets en prenant le problème à la source. Rencontre avec une famille modèle "presque zéro déchet".
Pendant une dizaine d’années, Jérémie et Bénédicte - les parents de la famille Zéro déchet - ramassaient les plastiques rejetés par les océans à l'aide d'associations environnementales. Ce fut la première prise de conscience de l’état catastrophique de l’écosystème océanique et de la surproduction des déchets. Cette famille engagée et écolo a tenté de sensibiliser le public à l’impact des ordures et du plastique sur la planète jusqu’à ce qu’elle s’interroge sur ses propres déchets.
Le couple pensait déjà bien faire: « On faisait le tri, on avait un compost, on achetait nos fruits et légumes via une AMAP et du vrac à la biocoop». Mais, Jérémie et Bénédicte constatent que leur poubelle ne désemplit pas et décide de l’éventrer dans leur jardin pour l’inspecter. Le verdict tombe: de l'emballage et du suremballage. “Sacs, blister, opercule, capsule, barquette, sachet, pot et surtout du plastique” énumèrent-ils. C’est alors le début de leur aventure zéro déchet qu’ils partagent avec beaucoup d’humour, de nombreuses anecdotes et de conseils sur leur blog.
Une bataille au quotidien
“Refuser !” c’est le premier pas dans cette lutte quotidienne et cela commence par les courses. Pour dire non au plastique, la famille s'est munie d'un kit de course composé d’une armée de Tupperware – leurs fameux "tuptup" – de bocaux en verre et de sacs en tissu. Mais, le conditionnement de certains produits restent un problème obligeant la famille à se tourner vers d’autres moyens d’approvisionnement que les supermarchés classiques. Un choix renforcé par les refus essuyés par Bénédicte lorsqu'elle demande aux vendeurs de lui servir le produit directement dans le Tupperware.
Elle privilégie donc les circuits courts (producteurs locaux, maraîchers, magasins bio) et la vente en vrac qui leur fait faire des économies, les produits en vrac leur coûtant 15 à 40% moins chers que les produits emballés en grande surface. Elle achète ainsi la juste quantité et évite le gaspillage alimentaire.
Un mode de vie alternatif
Ce à quoi la famille ne s’attendait pas, ce sont les bénéfices retirés: “On vit mieux en dépensant moins”, souligne Jérémie. En plus de protéger l’environnement et de faire des économies, toute la famille se porte mieux en mangeant bio, local et de saison. Elle développe aussi une autre économie en donnant leur argent à des commerçants locaux et plutôt qu’aux grands industriels. De cette façon, elle relocalise la richesse sur leur territoire: “On se sent mieux de redevenir acteur de sa consommation plutôt que de se plaindre et de subir. On adopte une démarche positive. Mon achat est un vote”.
Une question de choix et d’organisation
“Il faut y aller étape par étape”, explique Jérémie. On commence par des petits gestes au quotidien: acheter en vrac, faire ses courses avec ses boîtes Tupperware, faire des gâteaux maison pour le goûter des enfants. “Désormais, tout le monde veut prendre le goûter chez nous” plaisante le papa écolo. Ensuite, il faut se lancer des défis en fabriquant son propre dentifrice ou sa lessive maison, en préparant un apéro zéro déchet pour ses invités ou acheter d’occasion. “Comme dans toute aventure, il y a parfois des échecs”, rassure-t-il.
“Si on ne veut pas d’emballage, il faut faire le deuil de certaines choses. Pour moi, ce sont les chips” s’amuse Jérémie. Côté sacrifice, on lui fait souvent remarquer que la lutte anti-déchets demande du temps. Ce à quoi il répond:“Demandez-vous si vous êtes prêt à consacrer quinze minutes de plus le soir pour cuisiner et donc protéger votre santé, votre famille et faire des économies ?”. En réalité, ne plus dédier son samedi matin aux courses et se faire livrer son panier de légumes chez soi, par exemple, permet de libérer du temps pour le Do It Yourself (le fait-maison). Deux minutes pour fabriquer un dentifrice maison ou deux heures de cuisine le week-end pour préparer les plats de la semaine paraissent soudainement possibles à caser dans son emploi du temps.
“Famille presque zéro déchet”, Jérémie Pichon et Bénédicte Moret, Éditions Thierry Souccar, 15€.
Un an après, les aventures de Bénédicte, illustratrice, Jérémie, militant associatif pour des ONG environnementales et leurs deux petites têtes blondes Mali, 7 ans, et Dia, 5 ans sont aussi rapportées avec beaucoup d’humilité et d’humour dans leur guide.
Sources: Propos recueillis lors de la Conférence sur le Festival Zéro Waste
Crédit photo : Karim El Hadj
Crédit illustrations: Bloutouf