Bio “low-cost” : la face cachée du bio de grande surface

des tomates bio sous sachets provenant d'un magasin de grande surface
Bio “low-cost” : la face cachée du bio de grande surface
Par Donna Souvannachakham publié le
93028 lectures

Le marché du bio explose et les géants de la grande industrie sont bien décidés à s’en emparer. Diffusé dimanche dernier sur France 5, le documentaire “La face cachée du bio low-cost” dévoilait les dessous de l’industrie du bio. Malgré des normes respectées, certaines questions d’éthique ne répondent pas à la véritable philosophie de l’agriculture biologique.

Le secteur biologique est un marché en plein expansion et s’installe partout. Longtemps réservé aux magasins spécialisés, le bio se démocratise et s’introduit dans les grandes surfaces. Un bio “low-cost” émerge et inquiète certains consommateurs car, outre le respect de la réglementation - il remet en cause un mode de production raisonnable et éthique, se voulant respectueux de l’environnement mais aussi des hommes.

Un bio sans pesticide et sans éthique

Un produit biologique issu de la grande distribution est-il “moins bio” que celui provenant d’un magasin spécialisé ? À priori, non. La présence des labels français AB ou européen certifie que le produit répond aux normes du cahier des charges biologique, c’est-à-dire cultivé et produit sans l’utilisation de pesticide, d’engrais, d’OGM, ni d'usage excessif d'antibiotique (pour le bétail). Toutefois, un produit bio est censé répondre à un principe d'ordre éthique et plutôt cultivé ou transformé sur le territoire français. Outre l’absence de pesticides et produits phytosanitaires, le bio est une philosophie et les industriels s’en lavent bien les mains. Les conditions précaires des travailleurs ou encore l’utilisation systématique de certains additifs tolérés dans l’agriculture biologique sont d’usage chez les géants de l’industrie. 

L’exemple de la tomate d’Almeria illustre bien cette contradiction car elle est produite en Espagne et commercialisée en France dans les grandes surfaces et tout au long de l’année. Ce type de production ne respecte aucunement les saisons et requiert des outils engendrant une empreinte carbone importante ainsi que l’emploi de travailleurs immigrés aux conditions précaires. Même chose pour le jambon bio du géant Fleury Michon. Ce dernier applique les mêmes procédés pour la production de son jambon conventionnel que de son jambon bio et utilise du nitrite de sodium (additif E250 susceptible d’être cancérigène) dans sa fabrication pour obtenir sa teinte rosée.

Le bio, une véritable philosophie

Le bio possède aussi ses propres limites : on le consomme de préférence de saison et français plutôt que de l’autre bout du monde. Pour Frédéric Denhez, journaliste et auteur spécialisé dans l’environnement, il y a deux vitesses dans le mode de production bio :

D’un côté, les magasins spécialisés achètent toujours aux mêmes producteurs ou transformateur locaux en petite quantités. De l’autre, il y a les grandes surfaces qui se procurent des plus grosses quantités à des producteurs venant du monde entier. Et cette différence se ressent dans le prix final où la différence peut varier entre 10 à 20%. L’agriculture biologique c’est pas de pesticides, d’engrais et d’OGM mais également une philosophie : un paysan, une transformateur, un distributeur sur une zone géographique circonscrite”

L’expert conseille donc de se référer aux valeurs du label Bio Cohérence qui possède un cahier des charges plus strict que le label AB. 

L’achat des produits biologiques

Consommer des produits bio, ce n’est pas une uniquement consommer des aliments sains, c’est aussi adhérer à une philosophie en veillant au respect des saisons, de la proximité, du respect des sols, des conditions de travail des acteurs du bio et du bien-être animal. Pour vous, consommateurs bio, l’important, c’est :


Source : Enquête Bio-consommateurs 2015 par Bio à la Une

 

Ce qui nous pousse à l’achat d’un produit bio varie d’un type de consommateur à l’autre et que nos principes d’achat changent en fonction du réseaux de distribution. En magasin spécialisé, on accorde davantage d’attention à la composition du produit, à son prix, sa proximité et l’engagement éthique de la marque. En grande surface, le prix, la composition et l’offre promotionnelles nous importent davantage, peu importe l’origine du produit et l’engagement  de la marque.