Le lobby de la viande donne des cours aux élèves
Depuis octobre, des animations pour promouvoir la viande s’invitent dans les écoles entre les cours de maths et de français. À l'heure où la réduction de la consommation de viande est une nécessité écologique, le partenariat de l’Education Nationale et du lobby de la viande est pointé du doigt.
Entre l’apprentissage de la lecture et des mathématiques, les élèves ont le droit à des animations qui font la promotion de la consommation de viande notamment par une structure puissante: celle qui défend les intérêts de la viande, des commerçants du bétail aux charcutiers en passant par les éleveurs de chèvres. Nous en avions déjà parlé ici et les équipe de L’oeil du 20 heures sur France 2 ont mené l’enquête sur ces “animations” dispensées gratuitement dans les écoles l’initiative de l’Association nationale inter-professionnelle du bétail et des viandes (INTERBEV) d'octobre à février .
Des kits d’animation douteux
Des kits d’animation sont proposés dans les 1500 écoles concernées comprenant des posters illustrant des animaux dans les prés (quand on sait que la majorité des élevages sont industriels) mais aussi les assiettes ou encore des tattoos douteux “parce que je le veau bien” ou “le boeuf c’est la teuf”. Le journal de la famille Jolipré à destination des enfants leur proposent des recettes forcément alléchantes pour eux comme cette recette de burger au boeuf.
Un discours orienté
“Les viandes c’est bon parce que c’est plein de protéines ! Et, les protéines, c’est bon pour les muscles ! “
Les kits sont accompagnés d’animations dispensées gratuitement et sur le temps de classe par des intervenants d’Interveb. Comme on peut le voir sur la vidéo, les “animateurs” expliquent l’élevage et l’équilibre alimentaire aux enfants. Qu’en retiennent les enfants ? Une maman témoigne :
“En discutant avec ma fille de 9 ans le soir même, on a regardé si le repas qu’on servait était équilibré. Et tout de suite elle m’a dit “mais maman, il n’y a pas de viande”. J’ai essayé de lui expliquer qu’il n’y avait pas forcément besoin d’avoir de viande ou de poisson dans le repas. Elle m’a rétorqué que c’était quand même un professionnel qui l’avait informé !”.
À l’heure où les scandales alimentaires dans les abattoirs ne cessent d’être dévoilés au grand jour et où la réduction de viande est une nécessité écologique, il semble inconcevable d’orienter les enfants de cette manière. Mais pour Marc Pagès, directeur général d’Interbev: “On est sur des consommations de viande faible, c’est pas qu’on veut les augmenter, c’est qu’on ne veut pas continuer à les réduire parce que c’est l’équilibre nutritionnel qui va en pâtir”.