Consommer ? Oui, mais mieux, malin, écolo et responsable !
PARIS - La crise a bouleversé les habitudes de consommation des Européens. Acheter malin, écolo, équitable et sortir de la consommation frénétique sont des tendances qui s'accélèrent dans tous les pays.
"Il y aura un après-crise pour le consommateur européen", assure à l'AFP Flavien Neuvy de l'Observatoire Cetelem (Crédit aux particuliers). D'après une enquête présentée jeudi et réalisée dans douze pays d'Europe par cet Observatoire, il ressort que la récession économique a changé "durablement" la façon de consommer de près de deux Européens sur trois.
"La crise a amplifié l'envie de consommer responsable ou équitable. Le consommateur veut aller à plus d'usage que plus d'instinct de propriété", estime Pascale Hebel, sociologue au Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc).
"La consommation frénétique est désormais perçue négativement. Les consommateurs européens veulent sortir du tout consommer", souscrit Dominique Lévy-Saragossi, directrice du Planning stratégique à l'Institut d'opinion TNS Sofres.
"La crise a amplifié l'envie de consommer responsable ou équitable. Le consommateur veut aller à plus d'usage que plus d'instinct de propriété", estime Pascale Hebel, sociologue au Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc).
"Ce n'est pas consommer moins, mais mieux. +J'achète des produits bio parce qu'ils sont sains. Donc je me préoccupe de ma santé et limite par la même occasion mes dépenses de santé+", explique M. Neuvy.
Pour Mme Hebel, le consommateur "veut acheter différemment, militant, intelligemment et responsable. Il veut afficher ses valeurs en donnant par exemple une seconde vie à un objet".
En France, dit-elle, deux Français sur trois veulent repenser leur consommation.
Dans les rayons, ces changements se matérialisent par une progression des ventes de produits dits bio ou équitables.
"On a enregistré une hausse de 25% en 2008 des ventes de produits bio dans nos magasins. C'est significatif", a déclaré à l'AFP, un porte-parole de l'enseigne Monoprix, la première enseigne à lancer en 1990 une ligne bio.
Chez Carrefour, on confirme un "réel engouement des consommateurs pour le bio. Plus de 600.000 acheteurs et 1.200 références bio dans les rayons, dont 130 nouvelles en 2009 rien que pour les produits de marque Carrefour".
"Depuis fin 2008, une consommation maligne et alternative s'installe", confie Olivier Mathiot, cofondateur du site cyber-marchand PriceMinister. Le consommateur souhaite réaliser une bonne affaire mais il veut également accomplir un geste écologique, d'après lui. "C'est une façon de reprendre le contrôle de son porte-monnaie", souligne-t-il.
Dans cette perspective, "le prix n'est plus fixe, il est fluctuant, c'est ce qu'on appelle le rapport qualité/prix", ajoute Mme Lévy-Saragossi.
70% des produits mis en vente en ligne par PriceMinister sont de deuxième ou troisième main. "On constate par ailleurs que 75% des gens n'hésitent plus à faire un cadeau d'occasion et ne sont pas choqués d'en recevoir un", fait remarquer M. Mathiot.
Ces nouvelles habitudes de consommation et le boom d'internet dans la plupart des pays européens ont favorisé l'essor de la vente de consommateur à consommateur. Depuis 2009, un acheteur sur trois devient vendeur, contre un sur quatre en 2008, assure PriceMinister.
"A chaque fois qu'il y a une crise, on assiste à une remise en question des habitudes de consommation. C'était déjà le cas en 1993. Les Européens disaient +on consomme trop, il faut réduire ou consommer autrement+", souligne Mme Hebel.