“La plus haute poubelle du monde” : 5 tonnes de déchets ramassés sur l’Everest
“L’Everest mérite tristement et plus que jamais le titre peu enviable de plus haute poubelle du monde”. C’est le constat de l’ONG française Montagne et Partage qui, après avoir passé 38 jours sur les pentes de l’Everest du côté népalais, a collecté plus de 5 tonnes de déchets aluminium, plastiques et autres produits nocifs pour l’environnement.
Bouteilles d’oxygène, kilomètres de cordes en nylon, déchets plastiques et même piles au lithium libérées de leur substance acide… Gravir l’Everest n’a plus rien de l’ascension d’un écrin de nature préservé, mais plutôt d’un séjour alpin sur le toit du monde rempli de déchets. Une ONG française, accompagnée de 15 népalais, a mené l’action Everest Green pour récolter le plus de déchets possible sur le plus haut sommet du monde.
5 tonnes de déchets
5,2 tonnes de déchets en tout genre ont été récolté par l’ONG durant ces 38 jours au sommet de l’Everest, sur le versant népalais qui peut culminer jusqu’à 8000 mètres au col sud.
“Ces déchets étaient constitués de débris d’échelles en aluminium, de pieux à neige, de sardines de tentes et d’objets aussi hétéroclites que divers : matériel radio, bâtons de ski, débris de skis, crampons, lampes, etc.”
Mais, l’équipe n’a pu récupérer que la moitié des déchets apparents. Certains sont coincés dans les crevasses, d’autres ne se voient pas. Autre problème, ⅔ des déchets récoltés sont non biodégradables et donc non digérables par la montagne. Ils peuvent tout de même être recyclés si un système de transport des déchets est mis en place jusqu’à une usine de traitement et de transformation.
Au Népal, aucune usine de traitement des déchets
Les 5 tonnes de déchets ont alors été descendus à dos de yacks et transportés par hélicoptères, puis par camion jusqu’à Katmandou. Malheureusement, il n’existe au Népal aucune usine de traitement et de transformation des déchets. Et l’incinérateur du village au pied de l’Everest, Namche Bazar, ne fonctionne plus depuis le séisme de 2015. Les déchets se retrouvent ainsi brûlés à l’air libre, mais les plus nocifs ont été rapatriés en France.
“En tout, c’est plus de 25 kilos de ces déchets hautement nocifs qui ont été extraits de la montagne, et rapatriés vers la France pour être sûrs qu’ils finiront bien dans un centre de recyclage approprié.”
Un constat inquiétant
“La situation des déchets sur l’Everest devient des plus alarmistes” conclut l’ONG sur le bilan de son expédition Everest Green. Il s’agit à la fois de sensibiliser les touristes, les alpinistes, mais aussi les népalais et le gouvernement, qui ont un rapport différent au nôtre aux déchets. “Ils sont dépositaires d’une culture qui les a vu passer sans transition d’une période où tout ce qu’ils rejetaient dans la nature était biodégradable, à une société consumériste moderne qui a vu l’apparition en masse du plastique et autres polluants chimiques.”, constate le président de l’association Montagne et Partage, Gérard Clermidy. La question est complexe, mais des solution concrètes restent possibles.
Un documentaire sur le nettoyage de l'Everest est en cours de réalisation et a été financé grâce à une campagne de crowdfunding.
Image à la Une : ©AFP.