Paris : des urinoirs écologiques installés dans les rues font polémique
La ville de Paris poursuit son installation expérimentale de pissotières dans ses rues. Mais ces "uritrottoirs" écologiques, qui sont aussi censés limiter les épanchements sauvages d’urine, ne font pas l’unanimité.
Certains riverains parisiens rient jaune depuis l’installation de pissotières écologiques dans quelques rues de la capitale, notamment de la dernière en date : dans le quartier chic et touristique de l’île Saint-Louis, dans le 4e arrondissement. Trois urinoirs avaient déjà pris leur quartier, au printemps dernier, près de la place de Clichy, de la gare de Lyon, et dans un square du 5e arrondissement. Ces grands bacs rouges couplés d’une jardinière ont été fabriqués à Nantes par l’agence Faltazi. D’ailleurs, on en trouve dans les rues nantaises depuis mai 2017. Mais à Paris, ces installation écologiques censés lutter contre les actes d’incivisme de "pipis sauvages" ne sont pas au goût de tous.
Transformer l’urine en compost
L'urine, stockée avec de la paille, doit ensuite être transformée en compost. Une fois la matière récoltée, il est possible de récupérer de l’azote et du phosphate présents naturellement et en quantités importantes dans l’urine. Le but : fertiliser les plantes et leur permettre de pousser. Autre avantage de la paille : elle permet de réduire les odeurs, grâce à sa fonction filtrante. La ville de Paris avance donc pouvoir économiser de l’eau pour le nettoyage des rues. Il s’agit également d’urinoirs intelligents puisqu’ils sont connectés. Le gestionnaire peut surveiller le niveau de remplissage en temps réel. Problème : malgré les multiples aspects écolo mis en avant, ces nouveaux dispositifs urbains, visibles de tous, contrastent avec l’image que certains touristes ou Parisiens ont de la ville lumière. Et la pissotière installée sur l’île saint Louis a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux via le hashtag #uritrottoir.
Il faut vraiment être exhib ou avoir un gros problème de prostate pour choisir de se soulager LÀ #uritrottoir pic.twitter.com/KC5JtPGQnU
— Olivier ROY (@OlivierRoyFr) 11 août 2018
Où sont les femmes ?
Alors que certaines personnes estiment qu’il s’agit d’une idée ingénieuse, d’autres relèvent le manque de pudeur, les hommes devant uriner aux yeux de tous. De son côté, Laurence Parisot, l’ancienne présidente du Medef, considère qu’il s’agit d’une "nouvelle connerie parisienne". La mairie de Paris et celle du 4eme arrondissement rappellent que ces urinoirs sont installés à titre expérimental, et pour répondre à une "demande des riverains". "On est tout à fait prêts à discuter du lieu", a déclaré Evelyne Zarka, première adjointe au maire de l'arrondissement, Ariel Weil. D’ailleurs, face aux contestations, ce dernier a assuré à BFMTV que ces uritrottoirs vont être "déplacés de quelques mètres", afin d’être plus discrets. Autre controverse, cette fois-ci lancée par des féministes notamment. En effet, une question reste en suspens : si l’urine masculine peut être recyclée, celle des femmes en revanche n’est pas pour l’instant pas au programme…
Il faut vraiment être exhib ou avoir un gros problème de prostate pour choisir de se soulager LÀ #uritrottoir pic.twitter.com/KC5JtPGQnU
— Aron M. Lugby (@AronMLugby) 12 août 2018
Pour l’heure, seul un 5e uritrottoir est prévu prochainement rue Bossuet, dans le 10e arrondissement de Paris.
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