Remaniement : quels dossiers brûlants attendent François de Rugy ?
Du nucléaire à la réintroduction d'ours, voici quelques dossiers brûlants que François de Rugy, qui succède à Nicolas Hulot à la tête du ministère de la Transition écologique, va trouver sur son bureau.
"Ministre de la Transition écologique et solidaire". Le titre lourd de sens voulu par le célèbre prédécesseur de François de Rugy reste le même. Mais au-delà des symboles, le nouveau titulaire fera-t-il la différence ? Une chose est sûre, certains dossiers devront être tranchés prochainement.
Le nucléaire
Le nucléaire sera au coeur de la feuille de route énergétique 2019-2023 et 2024-2028. Alors que Nicolas Hulot avait annoncé en novembre dernier que la France ne pourrait pas tenir l'objectif de baisser la part de l'atome de 75 % à 50 % de la production d'électricité à l'horizon 2025, nombre de questions restent en suspens, comme le nombre de réacteurs à fermer. Le ministre démissionnaire avait promis un "échéancier" précis sur la fermeture de centrales. En jetant l'éponge, il a laissé entendre qu'il avait eu des difficultés à imposer ses vues.
Les énergies renouvelables
Alors que les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse en 2017 en France, l'objectif est donc de développer les énergies renouvelables. Après le solaire et l'éolien terrestre, l'avenir des énergies marines est sur la table. Le résultat de l'appel d'offres du parc éolien marin de Dunkerque doit être annoncé en 2018, tandis qu'un appel d'offres pour l'île d'Oléron annoncé lors du précédent quinquennat, est attendu. Dans l'éolien flottant, les acteurs attendent un premier appel d'offres commercial.
Transports et “plan vélo”
Alors que les transports sont la première source d'émissions de gaz à effet de serre en France, le projet de loi d'orientation sur les mobilités doit être présenté à l'automne. En cours de finalisation, le texte comprend des volets sur la programmation des infrastructures, l'évolution des compétences des diverses autorités locales, les mobilités propres (qualité de l'air, circulation en ville...). La partie "recettes" risque de faire grincer des dents si l'Etat choisit d'instaurer une vignette poids lourds ou des péages sur des routes gratuites. Le ministère des Transports, qui dépend de celui de la Transition écologique, doit présenter en septembre un "plan vélo" visant à multiplier par trois la part du vélo d'ici 2024, avec notamment la construction de pistes cyclables. Les associations demandent 200 millions d'euros par an, ce que Nicolas Hulot avait qualifié de "faisable".
La loi Alimentation
Fin en septembre de l'examen au Parlement de la loi Alimentation, pilotée par le ministère de l'Agriculture mais suivie de près par Nicolas Hulot. Certains voudront-ils reparler du taux de bio dans les cantines alors que les célébrités ont récemment lancé un appel pour établir cette réforme ? Ou du glyphosate, alors que les députés avaient rejeté un amendement, soutenu par Hulot, inscrivant la fin du pesticide d'ici trois ans ? Affaire à suivre...
Constitution
Les députés ont donné en juillet leur feu vert pour l'inscription de la "préservation de l'environnement" à l'article 1er de la Constitution. Mais l'examen de la révision constitutionnelle a été suspendue jusqu'à la rentrée.
Biodiversité
Après la présentation en juillet d'un plan biodiversité sans grandes mesures contraignantes, certains défenseurs de l'environnement craignent que cette question retombe dans l'oubli.
Reste également à définir l'échéance de l'objectif de zéro artificialisation nette des sols ou la mise en oeuvre de la réforme de la chasse.
La réintroduction d’ours
Nicolas Hulot avait annoncé au printemps la réintroduction à l'automne de deux nouveaux ours dans les Pyrénées. Le plan ours publié en mai évoque des lâchers, sans autre précision. Les éleveurs de brebis espèrent que le futur ministre renoncera à cette opération. L'Union européenne avait mis en demeure fin 2012 la France pour avoir manqué à ses obligations de protection de cette espèce.
L’eau
La deuxième phase des Assises de l'eau se penchera sur la préservation de la ressource en eau. Un risque de querelle entre défenseurs de l'environnement et agriculteurs, en particulier sur l'irrigation.
Le gaz
En juillet 2017, le Conseil d'Etat a jugé les tarifs réglementés contraires au droit européen, imposant à l'Etat de les supprimer. Le gouvernement envisage une fin à l'horizon 2023 pour tous les particuliers, mais doit préciser comment la mettre en oeuvre.
Si les défenseurs de la transition écologique ont reconnu un véritable engagement écolo à François de Rugy, ils s’interrogent toutefois sur sa capacité à peser sur le gouvernement. "On n'a aucun doute sur ses convictions, mais est-ce qu'il aura le poids suffisant pour réussir là où Nicolas Hulot n'a pas réussi, c'est-à-dire à surmonter les oppositions des différents lobbies?", s'interroge Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables.
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