Grossesse : l'exposition maternelle à la pollution pourrait affecter le développement du fœtus
Des chercheurs américains ont trouvé que des micro-particules émanant de la pollution atmosphérique pouvaient affecter le développement de la thyroïde des fœtus, pouvant entraîner des problèmes de santé plus tard dans la vie.
Cette étude, menée par des chercheurs de l'University of Southern California (USC) et parue dans la revue JAMA, a analysé les échantillons sanguins de 2.050 nouveaux-nés pour mesurer les niveaux de thyroxine (TT4), une hormone secrétée par la glande thyroïde. Pendant la grossesse, les futures mamans avaient aussi dû rapporter leur exposition à la pollution de l'air, notamment à l'ozone, au dioxyde d'azote, aux particules fines PM10 (mesurant moins de 10 microns) et celles encore plus fines PM2.5.
Les chercheurs ont noté que lorsque l'exposition maternelle aux PM2.5 augmentait de 16 microgrammes par mètre cube d'air (environ le volume d'un lave-vaisselle), les niveaux de TT4 augmentaient de 7,5 % dans le sang du bébé. Lorsque l'exposition maternelle aux PM10 augmentait de 22 microgrammes par m3 d'air, les niveaux de TT4 croissaient de 9,3 %. En revanche, ils ne notèrent pas d'augmentation des taux de TT4 lorsque les mères étaient exposées à d'autres polluants comme l'ozone ou le dioxyde d'azote.
Les scientifiques ont aussi trouvé que l'exposition aux PM10 pendant un à huit mois de grossesse était associée à des concentrations de TT4 bien plus fortes chez les nouveaux-nés, alors que l'exposition aux PM2.5 était plus significative entre le troisième et septième mois de grossesse.
Impact sur la thyroïde
Cette étude est la première à suivre les effets de la pollution mois après mois sur les changements hormonaux de la thyroïde, essentiels à la croissance, au métabolisme et au neurodéveloppement fœtal. "La pollution de l'air est nocive pour les adultes et les enfants, et cette étude montre qu'elle peut aussi nuire aussi aux fœtus, malgré le fait qu'ils soient protégés par l'utérus", a expliqué Carrie V. Breton, l'une des auteurs de l'étude. "La fonction thyroïdienne est nécessaire à de nombreux éléments de la vie et le fait de la modifier quelque peu in utero pourrait avoir des conséquences tout au long de la vie."
"On dénombre de nombreux lieux à travers le monde où la pollution de l'air grimpe en flèche", poursuit le professeur Breton. "C'est un autre exemple d'une exposition environnementale qui affecte le développement précoce de manières subtiles, et nous ne connaissons pas les conséquences sur la santé."
D'autres recherches, présentées à l'occasion du Congrès International de l'European Respiratory Society, avaient aussi montré pour la première fois que les micro-particules de CO2 pouvaient aussi passer la barrière du placenta.