Pollution lumineuse : des commerces et bâtiments obligés d’éteindre leurs lumières
Une réglementation prévoit l'extinction des devantures de magasins, enseignes et intérieurs de bureaux afin de lutter contre la pollution lumineuse.
Paris, 2 heures du matin. Des devantures de magasins, des enseignes et l'intérieur de bureaux sont restés allumés. Pourtant, une réglementation prévoit leur extinction pour protéger la santé des habitants et la faune, mais elle reste méconnue et mal appliquée.
La Ville Lumière n’est pas une exception
Un arrêté de 2013 sur l'éclairage intérieur des bureaux ou des vitrines ainsi qu’un décret de 2012 sur les publicités et les enseignes sont loin d'être respectés en France. Ces textes prévoient que les lumières intérieures des commerces et bureaux soient éteintes une heure après leur fermeture.
Les vitrines et les enseignes doivent être éteintes au plus tard à une heure du matin, sauf si les magasins sont encore ouverts. Dans les agglomérations de moins de 800.000 habitants, les publicités lumineuses doivent s'éteindre entre une heure et six heures du matin, sauf quelques exceptions. Cette réglementation n’étant pas appliquée, des associations organisent des opérations de sensibilisation. A Montigny-le-Bretonneux, en région parisienne, l'association Résistance à l'agression publicitaire (RAP) a profité du "jour de la nuit", organisé depuis dix ans courant octobre, pour sensibiliser à la pollution lumineuse.
"On éteint les enseignes lumineuses, qui ont un interrupteur extérieur, avec une perche et on colle un mot à la porte des commerces pour rappeler que c'est illégal", raconte Matthieu, un volontaire. Leur action paye, puisqu'ils n'ont éteint les lumières que de 19 enseignes en 2018 contre 50 en 2016 sur le même parcours. A Montigny-le-Bretonneux, la mairie, interpellée par RAP, vient d'envoyer "un e-mail à toutes les enseignes (de la ville) pour leur rappeler leurs obligations" et les sanctions possibles, des amendes de 750 ou 7.500 euros maximum. "Ça porte ses fruits, nous avons eu plusieurs retours", assure la directrice du service d'urbanisme à la mairie, qui indique que les commerçants ignorent souvent la réglementation mais "dans l'ensemble la comprennent".
Bientôt un plan national de prévention ?
Le bilan est "contrasté entre les villes et à l'intérieur des villes", constate Anne-Marie Ducroux, présidente de l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN).
Si certaines communes vont dans le bon sens, il reste encore du travail et toutes les mairies ne font pas leur travail d'information, voire de répression, déplorent les associations.
Pour l'ANPCEN, il faut aller plus loin avec un plan national de prévention, de limitation et de suppression des nuisances lumineuses. Le ministère de la Transition écologique assure, quant à lui, avoir "conscience de la difficulté liée au contrôle de cette réglementation".
D'autres textes n'ont toujours pas été mis en oeuvre, ce qui a valu au gouvernement de se faire condamner par le Conseil d'Etat pour son inaction en mars. Ils sont actuellement soumis à la consultation publique, avec huit ans de retard, et concernent l'éclairage public, celui des équipements sportifs ou encore des parcs et les parkings, ainsi que les espaces naturels protégés pour y mettre un frein aux éclairages intempestifs.
Des risques de cancer, de diabète et de dépression
Eteindre les lumières allumées la nuit permettraient de réaliser des économies d'énergie et de lutter contre le réchauffement climatique. L'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) évalue les économies d'énergie possibles à l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 750.000 ménages, hors chauffage et eau chaude.
Pire encore, la lumière la nuit peut perturber notre horloge biologique, ce qui accroît le risque de cancer, de diabète et de dépression. Elle perturbe les plantes et les animaux nocturnes et prive du spectacle de la Voie lactée.