Les insectes dégoûtent encore trop les consommateurs pour remplacer la viande
De nouvelles recherches britanniques ont montré que même si les insectes sont souvent présentés comme l'avenir de l'alimentation du fait de leur caractère plus durable que le bétail, les Britanniques ne semblent pas prêts à troquer leur steak contre des sauterelles ou des vers.
Cette étude, menée par des chercheurs de l'Anglia Ruskin University, est la première à s'intéresser aux effets de l'attachement à la viande sur la perception qu'ont les personnes des protéines alternatives, comme les insectes. Les scientifiques ont demandé à 139 participants s'ils mangeraient, dans le cadre de leurs repas quotidiens, les trois types de protéines alternatives : de la viande conçue en laboratoire, des insectes comestibles et des substituts végétaux. Les participants devaient aussi expliquer leurs choix.
Les résultats, parus dans le British Food Journal, ont montré que 100% des personnes qui n'avaient qu'un faible attachement à la viande, la plupart des vegans, végétariens et pesco-végétariens (qui mangent des produits de la mer mais pas de viande), pourraient consommer des substituts végétaux. Mais il ressort qu'un large pourcentage de ceux qui étaient très attachés à la viande (85%) étaient aussi d'accord pour remplacer l'une de leur viande quotidienne par une protéine alternative.
L’impact de la viande sur l'environnement et l'être humain
Bien que 41% des personnes interrogées se disaient prêtes à consommer de la viande de laboratoire, cette option était plus populaire chez les personnes qui mangeaient régulièrement de la viande, 59% des personnes fortement attachées à la viande se disant heureuses de consommer cette viande alternative en comparaison avec seulement 16% des personnes peu attachées à la viande. Les insectes étaient l'option la moins plébiscitée, seulement 26% des personnes interrogées rapportant qu'elles pourraient consommer des insectes comestibles. Seulement 4% des personnes faiblement attachées à la viande consommeraient des insectes, et moins de la moitié (40%) des consommateurs réguliers de viande.
"La production de viande conventionnelle affiche un fort impact sur l'environnement, elle représente 18% des émissions de tous les gaz à effets de serre, ce qui contribue au changement climatique. De récents rapports ont souligné l'importance de trouver des sources alternatives de protéines en vue d'aider à faire face à ce problème", a noté le co-auteur, le Dr. Rosie Robison.
Une solution à suivre pour le futur
"Bien que la viande de synthèse ne soit pas encore proposée à la vente, des études indiquent qu'elle pourrait permettre de réduire de 45% l'énergie nécessaire et de 99% l'espace nécessaire à sa production, et émettre 96% de moins de gaz à effets de serre que la production traditionnelle de viande en cheptel. De même, les insectes comestibles, dont 96 espèces différentes sont consommées par l'Homme à travers le monde, nécessitent moins d'espace et émettent jusqu'à 99% de gaz à effet de serre de moins que le bétail comme les vaches."
Mais la co-auteur Victoria Circus, a tenu à préciser que l'aspect dégoûtant des insectes était un facteur déterminant dans la réticence à essayer de consommer des insectes. "Les personnes interrogées ont expliqué qu'elles ne voulaient pas manger d'asticots qui se tortillent, alors qu'en réalité les insectes sont bien plus susceptibles d'être moulus en farine et d'être par exemple utilisés pour la fabrication de cookies. Nous espérons que les résultats de notre étude aideront à démarrer un débat sur la manière de promouvoir au mieux les protéines alternatives comme option durable à la viande conventionnelle et aussi tordre le cou à certains préjugés concernant particulièrement les protéines provenant des insectes", a conclu le Dr. Robison.