OGM poisons ? Une étude scientifique dément !

OGM poisons ? Une étude scientifique dément !
OGM poisons ? Une étude scientifique dément !
Par Cécilia Ouibrahim publié le
Journaliste
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Six ans après le scandale de “l’affaire Séralini”, une étude, parue lundi 10 décembre, conclut à l’absence de nocuité des maïs transgéniques sur les rats.

Point final pour l’affaire Séralini ? A la une du Nouvel Observateur, le 19 septembre 2012, un nouveau scoop sur fond de scandale scientifique défraie la chronique : “Oui, les OGM sont des poisons !” Et pour cause, une étude choc, parue dans la revue américaine Food and Chemical Toxicology, conteste l’innocuité du maïs génétiquement modifié sur la santé. Pendant deux ans et dans le plus grand secret, des universitaires de Caen ont expérimenté les conséquences du Roundup et des OGM sur plus de 200 rats. Les résultats démontrent un risque accru de tumeurs mammaires et d'atteintes hépato-rénales chez les rats nourris aux OGM, associés ou non au Roundup, l'herbicide controversé de Monsanto. A l’appui, des images de rats déformés par des tumeurs, presque aussi grosses que des balles de tennis. Considérés comme étant des preuves de la toxicité des OGM, les clichés des rongeurs mal en point font l’objet de vives controverses. Six ans après le scandale, une étude récente contredit ces conclusions en ne relevant aucun effet délétère de la consommation d’OGM NK 603 ou MON 810 sur la santé et le métabolisme des rats.

Véritables risques ou coup médiatique ?

Très vite après sa parution en 2012, l’expérimentation scientifique se transforme en un véritable scandale médiatique qui oppose la sphère scientifique au professeur Gilles-Eric Séralini (Université de Caen), auteur principal de ladite recherche. Alors que les scientifiques reprochent à l’étude son caractère biaisé et ses nombreuses lacunes notamment concernant le faible effectif de rats, celle-ci bénéficie, à l’époque, du soutien de l’opinion publique. Pourtant, en novembre 2013, la revue Food and Chemical Toxicology décide de retirer ces travaux après que le professeur Séralini ait été soupçonné de fraude et accusé d’instrumentaliser la science.

Que penser des conclusions alarmantes de Séralini ? En 2012 déjà, les sceptiques sont nombreux. Alors que l’OMS considère que la toxicité des OGM doit être "évaluée au cas par cas", l’organisation explique qu'il est "impossible de se prononcer d’une manière générale sur tous les aliments transgéniques.” Saisie par le gouvernement, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) regrette, quant à elle, "le nombre limité de publications traitant des effets potentiels à long terme d'une consommation d'OGM associés à des pesticides". L’agence de sécurité sanitaire souligne que "la faiblesse centrale de l'étude réside dans le fait que les conclusions avancées par les auteurs sont insuffisamment soutenues par les données (qui) ne permettent pas d'établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du maïs OGM et/ou de pesticide et les pathologies constatées."

Un consortium de scientifiques contre-attaquent !

Après la publication de l’étude en 2012, l’Anses recommande "d'engager des travaux sur ces questions" et "appelle à la mobilisation de financements publics nationaux ou européens dédiés à la réalisation d'études et de recherches d'envergure visant à consolider les connaissances sur les risques sanitaires insuffisamment documentés".

Que penser des conclusions alarmantes de Séralini ? En 2012 déjà, les sceptiques sont nombreux. Alors que l’OMS considère que la toxicité des OGM doit être "évaluée au cas par cas", l’organisation explique qu'il est "impossible de se prononcer d’une manière générale sur tous les aliments transgéniques.” Saisie par le gouvernement, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) regrette, quant à elle, "le nombre limité de publications traitant des effets potentiels à long terme d'une consommation d'OGM associés à des pesticides". L’agence de sécurité sanitaire souligne que "la faiblesse centrale de l'étude réside dans le fait que les conclusions avancées par les auteurs sont insuffisamment soutenues par les données (qui) ne permettent pas d'établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du maïs OGM et/ou de pesticide et les pathologies constatées."

En été 2013, le ministère chargé de l’écologie lance un appel d’offre à partir d'un programme intitulé Risk’OGM. L’objectif ? Définir un cadre légal nouveau, qui évalue l’impact des OGM en se basant essentiellement sur trois critères : sanitaire, environne­mental et socio-économique. Le but : "répondre à la demande des pouvoirs publics en matière d’expertise, de conseil et de recherche finalisée sur les OGM," explique l’INRA dans un communiqué. Une étude publiée lundi 10 décembre dans la revue Toxicologie Sciences remet donc définitivement en cause les résultats du professeur en biologie moléculaire.

Conduit sur fonds publics, le projet, baptisé GMO 90 +, a été réalisé par un consortium de scientifiques français issus de plusieurs institutions de recherche (Inserm, INRA, Anses).

"Aucune altération des organes"

Pour la première fois, une étude examine les éventuels risques sanitaires de deux maïs génétiquement modifiés : le NK603 (utilisé en 2012 par les chercheurs de l’Université de Caen), et le MON810, une variété décrite comme étant "pourvue d’un trait de résistance à des insectes ravageurs", selon l’INRA.
Pour ce faire, les chercheurs ont nourri des rats avec du maïs transgénique et d’autres avec du maïs non OGM. Au terme de six mois d’observation, Bernard Salles, toxicologue à l’INRA et coordonnateur du projet, conclut par une absence de toxicité des deux plantes utilisées et ce, même pour une consommation sur le long terme. Les scientifiques ne constatent "aucune altération des organes et en particulier du foie, des reins ou de l’appareil reproducteur des rats" suite à la consommation des maïs MON810 et NK603. Cependant, "ces résultats ne concernent que les deux organismes étudiés. Ils ne peuvent pas être élargis à tous les OGM", précise le toxicologue.

Si l’étude contredit les conclusions du Pr. Séralini, Bernard Salles considère qu’elles ne sont pas comparables : “On ne peut pas comparer cette étude avec l’expérimentation de Séralini car cette dernière n’aurait jamais dû être publiée. Il n’a pas respecté la réglementation car, sur le plan méthodologique, Séralini n’a tout simplement pas de conclusion”.


 

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