Avis d’experts : manger bio ou local, quelles différences ?
Mardi 29 janvier 2019, la rédaction de Bio à la Une a assisté aux “2èmes rencontres de l’alimentation durable” au Ground Control. Une des conférences portait sur “Les idées reçues sur l’alimentation”. Animée par Isabelle Touzard, maire de Murviel-lès-Montpellier (Hérault), ce débat a permis de mettre en perspective la notion d’alimentation bio et locale.
“Les 2èmes rencontres de l’alimentation durable” ont eu lieu ce mardi au Ground Control, à Paris. Un rendez-vous qu’il ne fallait pas manquer et qui a permis de mettre en perspective les enjeux liés à l’alimentation. Parmi les questions abordées : quelle orientation prendre pour autre transition alimentaire ? Comment repenser l’alimentation ? L’une des conférences avait pour thème : les idées reçues sur l’alimentation bio, locale et durable. Sur cette question, les avis d’experts divergent quelque peu. Résumé en quatre points clés.
Manger durable à petits prix, c'est possible ?
Dominique Paturel, chercheure à l’INRA-UMR Innovation et Boris Tavernier, co-fondateur et directeur de VRAC* ont débattu sur cette question. Selon ce dernier, “Manger durable c’est cher. Quand on n’a pas les moyens, on consomme des produits plus abordables. Et souvent à défaut de la santé. Avec l’association VRAC, on l’observe quand on se rend dans les quartiers populaires. C’est la double peine ! Même si on a l’envie, on n’a pas d’offre à proximité. C’est une question de moyens et de revenus. Le seul moyen c’est de les acheter et de les vendre au prix coûtant.”
Bio et local, même combat ? “Les deux vont de pair, souvent on mange local et bio. C’est adapté à un niveau de vie généralement plus élevé”, intervient Julien Fosse.
Manger durable à petits prix, c'est possible ?
Dominique Paturel, chercheure à l’INRA-UMR Innovation et Boris Tavernier, co-fondateur et directeur de VRAC* ont débattu sur cette question. Selon ce dernier, “Manger durable c’est cher. Quand on n’a pas les moyens, on consomme des produits plus abordables. Et souvent à défaut de la santé. Avec l’association VRAC, on l’observe quand on se rend dans les quartiers populaires. C’est la double peine ! Même si on a l’envie, on n’a pas d’offre à proximité. C’est une question de moyens et de revenus. Le seul moyen c’est de les acheter et de les vendre au prix coûtant.”
Manger local, c’est mieux ?
"La notion de consommer local diffère selon la manière dont on définit le 'le local'", explique Julien Fosse, adjoint du département durable et numérique, et chef de projet “Agriculture, Alimentation, Biodiversité” à France Stratégie**. "Combien de kilomètres autour de nous ? A quelle échelle ? C’est la première question qu’on doit se poser quand on parle de cette question. En fonction de la distance, les impacts environnementaux diffèrent. Il y une idée reçue selon laquelle produire "local" émet plus de gaz à effet de serre. Mais on a étudié le cycle de vie d’un produit : le transport ne représente que 17 % de gaz à effet de serre dans le processus de production. La production, elle, représente 50 à 55 % des GES."
"La dimension environnementale est sous-estimée", précise Yuna Chiffoleau, chargée de recherche à l’INRA-UMR Innovation, qui vient de sortir le livre "Les circuits courts alimentaires, entre marché et innovation sociale” (Ed. Erès). "On appréhende la pollution uniquement sous le spectre de l’empreinte carbone. On pense qu’en circuit court les camions partent chargés et reviennent vides. Alors que c’est faux la plupart du temps. Les agriculteurs peuvent faire leurs courses ou d’autres activités avant de revenir. Il y a tout un travail avec des experts comme des généticiens ou biologistes pour montrer le lien avec la biodiversité. La dimension environnementale est étudiée en observant "l’écologisation" au niveau des pratiques agricoles et alimentaires". Elle rajoute: "La dimension économique est sous-exploré. On n’explique pas bien le gros écart de prix car il n’y a pas de vrai chiffrage. Les nouveaux modèles économiques se tournent plus vers le modèle de l’économie sociale et solidaire mais il y a en aussi d’autres."
Manger local : l’impact économique et social
Manger local a de ce fait des impacts économiques et sociaux.
"Quand on achète local en circuit court, il y a plus de marge pour les agriculteurs. De plus, cela crée des liens sociaux entre les agriculteurs et les habitants, ça permet de recréer un lien distendu", ajoute Julien Fosse.
Pour Yuna Chiffoleau, "avec un système plus court, il y a plus de coopération professionnelle entre les agriculteurs. Les agriculteurs qui pouvaient être isolés discutent plus et vont compenser un déficit de conseils techniques en parlant ensemble. Il y a une requalification des agriculteurs et des consommateurs. Et plus de démocratie dans les territoires."
Le bio, meilleur pour la santé
Si l’on prend en compte le côté sanitaire, le local est plutôt positif, explique Yuna Chiffoleau. "Cela signifie moins de procédés de transformation et moins d’additifs.”
Toutefois attention à la confusion:
"Il faut faire attention à la banalisation selon laquelle le local est signe de qualité en soi", explique Yuna Chiffoleau, chargée de recherche à l'INRA.
En effet, le local est différent du bio, qui n’autorise pas l’utilisation de pesticides et d’intrants chimiques, contrairement au local qui peut en faire usage.
Mieux vaut donc consommer des produits bio, achetés en circuit court, même si cela n’est pas toujours une mince affaire…
*VRAC est une association qui favorise le développement de groupements d’achats dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville de l’agglomération lyonnaise, notamment en proposant des plats locaux ou bio aux habitants.
**Organisme rattaché auprès du Premier Ministre.