Corse : des écologistes demandent de limiter l'accès à la réserve de Scandola
L'association corse de défense de l'environnement U Levante demande une limitation d'accès à la réserve de Scandola, classée au patrimoine mondiale de l'Unesco et menacée de surfréquentation, dans une lettre ouverte adressée au conseil exécutif de l'île rendue publique mercredi.
L'association se fonde sur un rapport d'experts du Conseil de l'Europe, présenté récemment à Strasbourg, qui recommande, pour le renouvellement du diplôme européen des espaces protégés de la réserve décerné par l'instance, une limitation d'accès au site.
Une situation alarmante
"Il est indispensable de mettre en application au plus vite un règlement qui limite l'accès au site et qui permette de conserver les espèces de flore et de faune et les écosystèmes", écrit dans ce rapport l'expert suisse Olivier Biber, venu en Corse en juillet 2018.
"La fréquentation incontrôlée de la réserve par les visiteurs de tous bords et la forte pression sur le milieu sont inadmissibles et incompatibles avec les objectifs de la création de la réserve naturelle de Scandola et avec les termes de référence du diplôme européen", met-il en garde.
Dans sa lettre ouverte adressée à Gilles Simeoni, président du conseil exécutif, U Levante juge la situation de la réserve "particulièrement grave et alarmante" et estime qu'"en fixant des quotas, un numérus clausus, vous pouvez arrêter le processus de destruction en marche".
Favoriser le retour des poissons
De cette limitation de l'accès au site "dépend la survie du balbuzard pêcheur, le retour des poissons dans la réserve, la conservation de ce site exceptionnel et surtout une économie solidaire et durable", fait valoir l'association.
Etablie en 1975, la réserve de Scandola, forte de 920 hectares terrestres et d'une zone marine de 1.000 hectares, a obtenu le diplôme européen des espaces protégés en 1983, l'année de son classement au patrimoine mondial de l'Unesco. Ce diplôme a été renouvelé en 1988, 1995, 2000, 2005 et 2010 et doit l'être en septembre 2020.
Un rapport du CNRS de décembre 2018 jugeait également que "la population de balbuzard pêcheur, un rapace protégé et menacé en mer Méditerranée, s'effondre dans la réserve naturelle nationale de Scandola" à cause du tourisme. Cette étude soulignait "l'importance de modifier la manière dont est géré le tourisme dans cette aire marine protégée".