L'Assemblée nationale reporte l'interdiction de la production de certains pesticides
C’est encore un recul du gouvernement dans la lutte contre les pesticides. Alors qu’une forte mobilisation était en cours à l’échelle mondiale en faveur du climat vendredi 15 mars dernier, l’Assemblée nationale a reporté de trois ans l’interdiction de production de certains pesticides sur le sol français.
2025, nouvelle échéance
Après de vifs débats, l’Assemblée nationale a décidé de revenir sur une mesure majeure de la loi Agriculture et Alimentation (Egalim), promulguée en novembre dernier, qui prévoyait l'interdiction en 2022 de la production, du stockage et de la vente de produits phytopharmaceutiques destinés à des pays tiers et contenant des substances prohibées par l'Union européenne, spécifie Public Sénat. L’interdiction a été repoussée à 2025. Une décision qui allonge la circulation de pesticides et l’exposition de la population, ainsi que de la biodiversité à des "produits phytopharmaceutiques (PPP) contenant des substances non approuvées pour des raisons de santé ou d'environnement", comme le précisait la loi Egalim votée en novembre 2018.
La fondation Nicolas Hulot s’insurge
"Pendant que les citoyens marchent, les lobbies des pesticides avancent et le gouvernement recule…", peut-on lire sur un communiqué de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, publié ce vendredi.
"Atrazine, chlorate de sodium… Ces pesticides très dangereux interdits en Europe pourront continuer à être produits en France et vendus à l’étranger. Au lendemain du dépôt du recours de l’Affaire du siècle, et alors que les mobilisations citoyennes se tiennent partout en France et dans le monde pour alerter sur l’urgence d’agir en faveur du climat et la biodiversité, le gouvernement français et sa majorité opèrent un recul inacceptable en matière de pesticides”.
La Fondation Nicolas Hulot explique que la loi va permettre "des dérogations sans date butoir" pour certaines entreprises et "exclut du champ d’interdiction les activités de stockage et de circulation des pesticides".
"Cette décision marque une fois de plus une victoire du lobby des producteurs de pesticides sur la défense de l’environnement et de la santé humaine et animale", décrit la FNH.
La secrétaire d’État "exaspérée" par cette décision
"C'est une décision qui s'explique mais c'est une décision que je regrette", a déclaré Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la Transition écologique, sur Europe 1. "Ça m'énerve parce que c'est encore ce point noir là que toutes nos oppositions vont utiliser pour faire croire qu'on ne fait rien sur les questions climatiques en France. (...) Nous sommes le gouvernement qui est (sur le) pied de guerre sur la question climatique et nos oppositions utilisent des petites choses pour faire un écran de fumée", a-t-elle ajouté.
Selon Brune Poirson, les députés de la majorité qui ont voté ce report dans le cadre de l'examen en nouvelle lecture du projet de loi Pacte sur les entreprises "n'étaient pas du tout dans les mains des lobbies". Leur décision s'explique notamment par des considérations "sur l'emploi", a-t-elle précisé.
Photo : © KENZO TRIBOUILLARD - AFP/Archives
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