Agnès Varda, une cinéaste proche de la nature
La cinéaste de la Nouvelle Vague, Agnès Varda, s’est éteinte à l’âge de 90 ans ce vendredi 29 mars. Femme engagée, elle a notamment sensibilisé, à travers l’art, à l’écologie.
Née en Belgique, Agnès Varda, figure phare de la Nouvelle Vague, a gravi les échelons du cinéma français pour conduire un art engagé. Elle parlait des gens, des travailleurs, de notre société. Également photographe et plasticienne, elle a oeuvré dans de nombreux champs de l’art avec bienveillance, sensibilité et engagement. Elle est décédée dans la nuit de jeudi à vendredi des suites d’un cancer selon sa famille, précise l’AFP.
Créer grâce au cinéma et au recyclage
Ce samedi 30 mars démarre la saison 2019, au château de Chaumont-sur-Loire sur le thème "Art et Nature". Agnès Varda devait justement y présenter une oeuvre issue du recyclage des pellicules d’un de ses films de 1964 : "Le Bonheur". Cette cabane, en forme de serre, a été composée par elle-même à partir d’une copie de ce film.
A l’intérieur, des tournesols poussent tranquillement. Agnès Varda ne se revendiquait pas pour autant plasticienne : "Je n'emploie jamais ce mot. J'aurais trop l'impression de vendre du plastique. Je préfère dire comme les américains : visual artist".
"Pour moi, la nostalgie du cinéma en 35 mm s’est transformée en désir de recyclage… Je bâtis des cabanes avec les copies abandonnées de mes films. Abandonnées parce qu’inutilisables en projection. Devenues des cabanes, maisons favorites du monde imaginaire", expliquait-elle.
Ces pellicules de films ont été de vraies sources d’inspiration. "C’est la troisième cabane que je construis. Pour chacun de mes films, j’imagine une forme particulière. Le film Le Bonheur, réalisé en 1964, contait l’histoire d’un couple heureux, incarné par Jean-Claude Drouot, sa femme et ses enfants. Ils aimaient les pique-niques. J’avais tourné en Ile-de-France en pensant aux peintres impressionnistes. On entendait du Mozart. Le générique était tourné près d’un champ de tournesols, ces fleurs d’été et de bonheur". De rajouter : "Pour mes films et ceux de Jacques Demy, on s’est retrouvés avec des copies et des copies, dont les salles de cinéma ne veulent plus. On sait que je m’intéresse au glanage et au recyclage".
Photo : "La cabane du bonheur" exposée au Château Chaumont-sur-Loire
Éclairer sur la société de consommation
La question du glanage (l’action de ramasser ici et là), l’intéressait tellement qu’elle a consacré tout un film à cette pratique : "Les glaneurs et la glaneuse", sorti en 2000.
Dans ce documentaire, tourné avec sa caméra numérique et une équipe réduite, elle met en lumière les dérives de la société de consommation, en axant notamment sur les déchets qu’elle engendre. Agnès Varda a parcouru la France afin de rencontrer des personnes qui poursuivaient cette pratique datant du Moyen-Âge et qui consistait à récupérer après la moisson les grains de blé et la paille qui avaient échappé aux moissonneurs ou à ramasser ce qu’il restait aux arbres après les récoltes. Une pratique révélatrice des temps durs et qui peut s’observer encore aujourd’hui.
Elle avait reçu en 2015, la Palme d’honneur au Festival de Cannes et l’Oscar d’honneur en 2017. Son dernier documentaire, "Varda par Agnès", a été sélectionné au 69e Festival du Film de Berlin (hors compétition). Il a été diffusé sur Arte le 18 mars dernier.
Un extrait de son film "Les glaneurs et la glaneuse" (2000) est disponible ci-dessous:
Crédits photo: Facebook Agnès Varda Officiel