Chasse aux oiseaux : la LPO saisit la Commission européenne contre la France
La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a annoncé lundi porter plainte contre la France devant la Commission européenne pour diverses pratiques de chasse, à l'occasion du 40e anniversaire de la "directive oiseaux".
La plainte sera formellement déposée sur le site internet de la Commission mardi, date anniversaire de cette directive européenne sur la protection des oiseaux sauvages, a précisé l'ONG dans un communiqué.
Des techniques de chasse qui menacent les espèces
La requête de la LPO concerne notamment les oies cendrées, pour lesquelles la date officielle de fin de chasse est le 31 janvier mais que le gouvernement français a depuis plusieurs années tenté de prolonger, par des décisions plusieurs fois annulées par le Conseil d'Etat.
Elle inclut également des plaintes déjà existantes, notamment celle déposée en janvier contre la chasse à la glu, chasse "traditionnelle" autorisée par dérogation dans cinq départements du sud et qui consiste à capturer des oiseaux à l'aide de tiges en bois enduites de glu posées sur des arbres ou buissons.
Récemment, la LPO avait également saisi la Commission concernant des mesures de conservation qu'elle jugeait insuffisantes pour la tourterelle des bois et le courlis cendré.
Mieux protéger les espèces vulnérables
Elle met de plus en cause dans la nouvelle requête la gestion de la chasse d'une vingtaine d'autres espèces "en mauvais état de conservation" comme la bécassine des marais, la gélinotte des bois, le grand tétras ou encore la barge à queue noire.
La "directive oiseaux" du 2 avril 1979, modifiée en novembre 2009, est l'une des plus anciennes législations européennes en matière de protection de l'environnement. Elle liste notamment environ 80 espèces chassables sur 500 espèces d'oiseaux sauvages présentes dans l'UE, mais limite cette chasse à certaines périodes de l'année. Le texte concerne aussi la protection des habitats, avec la création de "zones de protection spéciales" notamment sur des sites d'accueil d'oiseaux migrateurs.
Cependant, comme l'explique la LPO dans son communiqué ce mardi : "En France, au lieu de mettre en place des plans de sauvegarde, l’Etat autorise la chasse d’espèces mondialement menacées et en déclin. C’est notamment le cas de la Tourterelle des bois et du Courlis cendré. Au total, une vingtaine d’espèces 'gibier' inscrites sur la liste rouge de l’Union Internationale de la Conservation de la Nature sont chassées sur notre territoire."
Le ministre de l'écologie répond
Interrogé lundi soir sur la plainte de la LPO, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a souligné que l'oie cendrée "n'est pas en déclin, en Europe".
"On a mis en place une 'gestion adaptative' des espèces, avec les scientifiques, les associations et les chasseurs: si une espèce voit son effectif augmenter elle peut être chassée", et inversement, a-t-il argué sur Public Sénat.
"On peut dépasser certaines oppositions anciennes", a-t-il encore dit, ajoutant, en réponse à une question, ne pas craindre les foudres de Brigitte Bardot : "elle est dans le registre de l'insulte, donc je crois qu'elle est disqualifiée".