La pilule ne passe plus : des femmes réclament une réflexion nationale sur la contraception
Dans une tribune publiée dans Libération, des féministes réclament une concertation nationale pour la contraception, le développement de solutions sans effets indésirables et la promotion de contraceptifs masculins.
"PayeTaContraception". Voilà le nouvel hashtag lancé suite à la publication d’une tribune intitulée "Marre de souffrir pour notre contraception" écrite par plusieurs féministes et publiée dans le journal Libération.
Aujourd’hui indispensables pour une majeure partie des femmes, le stérilet et la pilule sont parfois utilisés alors qu’ils entraînent bon nombre d’effets indésirables. Les signataires du texte, dont la dessinatrice Emma, l’essayiste Elise Thiébaut ou encore la présidente de l’Association des victimes d’embolie pulmonaire et AVC liés à la contraception hormonale Florence Markarian, réclament "une prise de conscience collective pour que la situation évolue vers une contraception plus sereine, sans effets indésirables et partagée." Un dernier point important alors que des chercheurs américains viennent de dévoiler des résultats positifs après des tests sur une pilule contraceptive masculine.
Une charge mentale 100 % féminine
"Grâce aux combats de nos aînées, nous considérons aujourd’hui la contraception comme un acquis mais qui nécessite des améliorations. Nous ne sommes pas contre la pilule ou le stérilet mais nous voulons que soient développées et promues des contraceptions efficaces, sans effets indésirables et qui peuvent être partagées avec le partenaire", écrivent-elles.
La charge mentale incombant uniquement aux femmes en matière de contraception est donc pleinement dénoncée. Pour les signataires, il est urgent de responsabiliser les hommes vis-à-vis des grossesses et de la contraception. "Le terme 'contraception' ne doit plus systématiquement être associé aux femmes", arguent-elles.
La pilule de plus en plus boudée
Alors que les femmes se détournent de plus en plus de la pilule (la consommation a diminué de 20 % en quinze ans), certaines l’arrêtent du fait des effets indésirables (baisse de libido, douleurs, dépressions…).
D’autres femmes considèrent aussi qu’il n’est pas sain d’être soumises quotidiennement à des hormones de synthèse. On assiste alors à des situations "d’errance contraceptive", expliquent les signataires. "Leur demande de solutions alternatives est rarement entendue. (…) Tout cela illustre à quel point l’offre contraceptive actuelle n’est ni 'suffisante' ni aussi 'pléthorique' qu’on le dit, et combien les hommes sont totalement déresponsabilisés".
Dans cette tribune, la place des médecins est aussi évoquée. Il est essentiel d’améliorer l’information auprès des patientes, selon les auteures du texte. Pour elles, les professionnels "prescrivent la pilule de manière systématique sans présenter suffisamment aux patientes les autres contraceptions et/ou en discréditant les contraceptions sans effets secondaires qui existent déjà".
Se réapproprier son corps et sa sexualité
Face à ce constat, les auteures de la tribune proposent d’organiser une grande concertation nationale sur le sujet afin d’améliorer les solutions actuelles. "Le but : mobiliser femmes, hommes, chercheurs·es, médecins et société civile pour développer et promouvoir des contraceptions sans effets indésirables mais également des contraceptions masculines." Autre point essentiel à aborder selon les signataires : "le financement d’études scientifiques indépendantes visant à développer des contraceptions féminines et masculines fiables avec pas ou peu d’effets indésirables mais aussi autonomes ou non médicalisées sont autant de question qui pourraient être abordées".
Un débat afin de permettre aux femmes de se réapproprier "pleinement leurs corps et leur sexualité". Un nouveau combat, comme celui menée par "nos mères et nos grands-mères", indiquent-elles.