Si vous êtes exposé(e) au glyphosate, cela pourrait avoir un impact sur vos arrière-petits-enfants !

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L’exposition au glyphosate pourrait avoir des répercussions sur trois générations
Par Elodie-Elsy Moreau publié le
Rédactrice en chef
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Des chercheurs américains viennent de démontrer que l’exposition au glyphosate pourrait avoir des répercussions sur trois générations. Explications.

Une récente recherche, parue dans la revue Scientific Reports et menée par le professeur Michael Skinner, démontre, une nouvelle fois, les méfaits du glyphosate. Le désherbant, commercialisé par Monsanto, filiale du groupe allemand Bayer, pourrait causer des défauts dans la programmation des gènes. C’est en tout cas le constat dressé par des chercheurs américains. Cela conduirait à des défauts dans l’épigénome, souligne les  scientifiques, responsables de modifications de l’ADN en série. Des "erreurs génétiques" pouvant conduire au développement de diverses maladies chez les individus exposés, ainsi que sur les générations suivantes.

Une transmission transgénérationnelle épigénétique

 "Il existe un nombre croissant de rapports contradictoires concernant la toxicité d'exposition directe du glyphosate, mais aucune enquête rigoureuse sur les actions générationnelles ", expliquent les auteurs. En effet, s’il est classé "cancérigène probable" depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l'Organisation mondiale de la santé, en 2016, une étude réalisée de nouveau par l’OMS en collaboration avec l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) indiquait qu’il était peu probable que l’exposition chez les humains via la nourriture entraîne le cancer. Toutefois, les dernières recherches ont démontré des risques potentiels divers. Des analyses épidémiologiques ont suggéré des associations d'exposition directe avec des maladies telles que l'autisme. Chez les rongeurs, des problèmes de reproduction, malformations congénitales, ou des pathologies métaboliques du foie ont été observés. En février dernier, un rapport révélait que le produit chimique augmentait le risque de lymphome non hodgkinien de 41 % chez l’Homme. Un mois plus tard, une étude internationale pointait du doigt les perturbations endocriniennes causées par le glyphosate. Aujourd’hui, cette nouvelle recherche dévoile les conséquences transgénérationnelles de l’exposition à ce pesticide.

Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs ont exposé 450 rates en gestation à des doses de glyphosate (la moitié de la quantité estimée sans effet indésirable). Résultats : si les impacts de l’herbicide étaient négligeables pour les parents ou la première génération, "on a observé une augmentation spectaculaire des pathologies chez les petits-enfants et les arrière-petits-enfants. Les pathologies transgénérationnelles observées incluent la maladie de la prostate, l'obésité, les maladies du rein,  ou des ovaires chez les femelles", précisent les scientifiques.  Par ailleurs, les grossesses étaient plus souvent infructueuses. Enfin, l’herbicide provoquait des mutations génétiques.

De nouvelles preuves à prendre en compte

Pour les experts, cette toxicologie générationnelle du glyphosate doit être prise en compte par les fabricants et les professionnels. D’autant plus que les conséquences sont aussi importantes que celles dues à une exposition directe. Mais le chemin est encore long. 

En janvier 2019, le tribunal administratif de Lyon a annulé l'autorisation de mise sur le marché du Roundup Pro 360 pour les jardiniers amateurs. Pour les professionnels, c’est une autre affaire. Suite au rapport publié par les experts de l’ONU pour la biodiversité lundi 7 mai, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de sortir du glyphosate d’ici trois ans après sa marche arrière de janvier dernier. Mais cet herbicide reste le plus utilisé au monde, et les plaintes pleuvent. Après la victoire de Dewayne Johnson face à Monsanto, en août dernier, la justice américaine a jugé que le Roundup était en cause dans l’apparition du cancer d’un jardinier, Edwin Hardeman. En France, le mois dernier, la cour d'appel de Lyon a reconnu Monsanto "responsable du dommage causé à l’agriculteur Paul François", après son intoxication en 2004 par le désherbant Lasso, désormais interdit.

Photo : © PHILIPPE HUGUEN - AFP/Archives

 

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