Décolorants capillaires : l’Anses alerte sur leur nocivité

Décolorants capillaires : l’Anses alerte sur leur nocivité
Décolorants capillaires : l’Anses alerte sur leur nocivité
Par Elodie-Elsy Moreau publié le
Rédactrice en chef
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Ce mercredi 12 juin, l’Anses publie les résultats de travaux sur les persulfates utilisés dans les décolorants capillaires. L’avis de l’Agence est sans appel : l’exposition à ces substances chimiques présente autant de risques pour la santé des professionnels de la coiffure que celle des consommateurs.

Allergies respiratoires et cutanées

Après avoir étudié au peigne fin des publications sur les substances présentes dans les décolorants capillaires, l’Anses met en garde les professionnels de la coiffure et les consommateurs. Ces travaux d’expertise ont été menés dans le cadre de son mandat de mise en œuvre du règlement REACH, précise l’Agence.

Persulfates d’ammonium, de potassium ou encore de sodium, tel est le cocktail toxique des décolorants utilisés par les coiffeurs. Ces substances, que l’on retrouve sous différentes formes (en poudre à mélanger dans un liquide, en granules, en crème ou en liquide prêts à l’emploi), sont ajoutées pour leurs propriétés oxydantes. Néanmoins, elles peuvent provoquer des réactions allergiques au niveau respiratoire et cutané comme l’asthme, les dermatites allergiques, les rhinites, les urticaires, ou des chocs anaphylactiques, alerte l’Anses.

Classés comme sensibilisants respiratoires et cutanés dans le règlement européen CLP, les persulfates représentent la 2ème cause des asthmes professionnels en lien avec les expositions aux produits chimiques, après les ammoniums quaternaires.  

Coiffeurs et consommateurs : même combat !

En première ligne, ce sont donc les personnels qui sont concernés. "L’analyse de la littérature scientifique et des données de vigilance a permis de constater que la très grande majorité des cas de réactions allergiques en lien avec ces substances sont observées dans le secteur de la coiffure. Plus de 1000 cas de pathologies professionnelles liées aux persulfates ont été recensés par le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (rnv3p) entre 2001 et 2015".

Et près d’un quart des jeunes travailleuses et des apprenties sont concernés. Une exposition toxique quotidienne qui a lieu lors de la préparation, de l’application et du rinçage des produits. Elle peut avoir de lourdes conséquences et forcer, dans certains cas, les personnels à se reconvertir. 

Les consommateurs peuvent également être exposés lors de l’utilisation des produits de décoloration prêts à l’emploi achetés en supermarchés ou lorsqu’ils sont clients des salons de coiffure.

Pour l’Anses, il est donc urgent "de restreindre dans les meilleurs délais l’usage" de ces substances chimiques dans les produits capillaires "pour protéger la santé des travailleurs et des consommateurs exposés".

Gare aux colorations aussi !

Rappelons que les colorations sont tout aussi dangereuses. En novembre dernier, l’histoire d’une jeune fille défigurée après avoir appliqué une teinture avait fait le tour du Web. La cause de cette expérience amère : la PPD, une substance chimique répertoriée comme « dangereuse », interdite en France dans les produits de maquillage, mais présente dans les colorations capillaires. Un mois plus tard, suite à cette affaire, le magazine 60 millions de consommateurs avait mené une enquête sur une dizaine de marques. La revue a observé que les colorations contiennent, bien souvent, des ingrédients nocifs voire des substances cancérogènes.

En septembre 2018, les colorations capillaires étaient déjà dans le collimateur de l’UFC-Que Choisir. Après avoir testé de nombreux produits, les experts avaient relevé "beaucoup trop de substances indésirables dans les colorations chimiques et peu ou pas dans les colorations végétales". Un risque même à faible dose. Voilà qui devrait couper l’envie à certains de se teindre ou s’éclaircir les cheveux.

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