Des avocats non bio vendus chez Biocoop ?

Des avocats non bio vendus chez Biocoop ?
Des avocats non bio vendus chez Biocoop ?
Par Cécilia Ouibrahim publié le
Journaliste
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Les produits que vous achetez en magasin spécialisé sont-ils vraiment issus de l’agriculture biologique ? Le doute plane. Alors que Biocoop est accusé de vendre des avocats non bio, l’enseigne se défend en niant ces allégations.

Contaminations, rappels produits, erreurs d’étiquetage... les scandales sanitaires autour de l’industrie agroalimentaire conventionnelle s’enchaînent. Cette fois, c’est le premier réseau de magasins bio de France qui est épinglé. Le Canard Enchaîné a révélé, ce mercredi, que Biocoop aurait distribué des avocats non bio. A l’appui, un document interne et confidentiel de l’enseigne qui fait référence à des "tromperies" concernant l'origine des avocats commercialisés. Face à ces vives accusations, Biocoop répond. 

Avocats d’Espagne ou du Pérou ? 

Selon les informations de l’hebdomadaire, les avocats vendus par le réseau pourraient ne pas être issus de l'agriculture biologique. En cause : des doutes concernant l’origine des fruits. Alerté par un fournisseur sur d’éventuelles failles dans ses approvisionnements d’avocats, Biocoop veut faire preuve de vigilance.
Présenté le 28 juin devant le conseil d'administration du réseau de magasins bio, un document interne révèle que les avocats distribués par Biocoop, censés être importés d'Espagne, proviendraient en réalité d'Amérique du Sud, mettant ainsi à caution leur qualité bio, incrimine le Canard Enchaîné.

Pour résoudre cette affaire, trois options auraient été énoncées aux administrateurs de l’enseigne. Selon le journal satirique, le texte proposait en premier lieu de ne 
ne rien modifier : "on considère que nos contrats sont conformes, et les tromperies à la production sont hors de notre responsabilité et de notre contrôle".  
La deuxième option ferait référence à la "création de [leur] propre station de conditionnement en partenariat avec un local" et la troisième évoquerait le "rapprochement de [leurs] distributeurs pour mettre les points sur les 'i', exiger une totale transparence et une traçabilité efficiente". Mais cette dernière option contiendrait un "bémol, indiqué en rouge dans le document", souligne Le Canard enchaîné. Si la proposition a déjà été formulée "à maintes reprises sans retour satisfaisant", c’est pourtant celle-ci qui a été retenue parmi les trois. 

“Non, Biocoop n’a pas distribué d’avocats non bio”

Inquiet que la polémique n’ébranle la confiance des consommateurs, Biocoop répond, dans un long communiqué publié ce mercredi, à l’article du Canard Enchaîné qu’il juge "sensas mais pas sensé" et "truffé de raccourcis et d’éléments présentés comme des faits alors qu’ils ne sont pas prouvés".

Pour résoudre cette affaire, trois options auraient été énoncées aux administrateurs de l’enseigne. Selon le journal satirique, le texte proposait en premier lieu de ne 
ne rien modifier : "on considère que nos contrats sont conformes, et les tromperies à la production sont hors de notre responsabilité et de notre contrôle".  
La deuxième option ferait référence à la "création de [leur] propre station de conditionnement en partenariat avec un local" et la troisième évoquerait le "rapprochement de [leurs] distributeurs pour mettre les points sur les 'i', exiger une totale transparence et une traçabilité efficiente". Mais cette dernière option contiendrait un "bémol, indiqué en rouge dans le document", souligne Le Canard enchaîné. Si la proposition a déjà été formulée "à maintes reprises sans retour satisfaisant", c’est pourtant celle-ci qui a été retenue parmi les trois. 

— Biocoop (@Biocoop) 10 juillet 2019

"Sommes-nous condamnables de vouloir vérifier des allégations, de ne pas condamner sans preuves et de prendre les précautions que personne ne nous demandait de prendre en écartant deux producteurs sur lesquels nous n’avions que des doutes ?", se défend le groupe distributeur dans le communiqué. Biocoop a reconnu l’identification d’un "problème avec un grossiste" et précise que l’enseigne a décidé d’écarter deux producteurs douteux par mesure de précaution. 
"Le plus suspect c’est que le fournisseur qui nous a alerté nous a également proposé ses services et nous imaginons qu’il s’agit de la source du Canard Enchaîné. C’est troublant", nous confie Patrick Marguerie de Biocoop. Il nous précise "qu’aucune preuve n’a été apportée" quant à l’origine non bio des avocats. Et d’ajouter : "non, Biocoop n’a pas distribué d’avocats non bio. C’est faux car le produit a été contrôlé. Dès que nous avons pris connaissance de la rumeur, nous avons mandaté un audit auprès de nos fournisseurs pour vérifier si les avocats étaient bio". Les résultats ont prouvé que ces avocats étaient bel et bien bio. 

Patrick Marguerie souligne également que "les résultats des analyses permettent de conclure que le risque de présence des pesticides est moindre. Nous avons un cahier des charges dont les conditions vont au delà de celles du label bio" et qui interdit la vente d’avocats à partir du 1er juillet jusqu’en octobre. 
Malgré cette garantie supplémentaire, Biocoop avoue ses appréhensions concernant la filière des avocats d’Espagne. "Il y a un doute certes, car les producteurs espagnols vendent plus d’avocats qu’ils n’en produisent donc parfois ils sont tentés de s’approvisionner en Amérique latine" pour les revendre comme étant des avocats espagnols. "Je trouve injuste que Biocoop, l’acteur le plus exigeant de la filière, soit invectivé sans preuve. Je ne dis pas que nous avons la certitude de ne pas avoir de problème mais nous prenons beaucoup de précautions", confie l’enseigne.

Bio ou non, rappelons que la culture des avocats nécessite une quantité d’eau incommensurable et leur importation alourdit leur bilan carbone. Au Mexique, des 
plantations illégales de cet "or vert" abritant de nombreux scandales ont provoqué la déforestation de milliers d'hectares.

 

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