La ministre des Transports va-t-elle remettre l’écologie sur les rails ?
Après la démission de François de Rugy, l’Elysée a annoncé la nomination de la ministre des Transports Elisabeth Borne au ministère de l’Ecologie. Une décision qui ne fait pas l’unanimité.
Si malgré ses convictions écologiques, Nicolas Hulot avait tenu 15 mois au ministère de la Transition écologique avant de claquer la porte en août dernier, se disant isolé sur les enjeux environnementaux, c’est au bout de seulement dix mois au ministère que son successeur a quitté le navire. François de Rugy a annoncé sa démission mardi 16 juillet après une série de révélations de Médiapart portant notamment sur des dépenses de rénovation de "son logement à vocation sociale" et des dîners fastueux aux frais du contribuable lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale. Face à la pression et à ce qu’il a qualifié de “lynchage médiatique”, le ministre de la Transition écologique a jeté les armes laissant sa place vacante. Mais le président de la République Emmanuel Macron n’a pas tardé à désigner sa remplaçante. Dès mardi soir, la ministre des Transports Elisabeth Borne a été nommée à la succession de François de Rugy, a annoncé l’Elysée.
“Une femme de terrain”
L’Elysée a précisé qu’Elisabeth Borne gardera le portefeuille des Transports et ne prendra pas le titre de ministre d’Etat. Sur Twitter, la nouvelle nommée à la Transition écologique évoque "un immense honneur" et s’émeut de "la confiance" accordée par le Président de la République.
La confiance que m'accordent le Président de la République et le Premier ministre est un immense honneur. Déterminée à poursuivre ce combat essentiel qu'est la transition écologique et solidaire. Au travail dès demain, avec @brunepoirson et @EmmWargon ! @Min_Ecologie
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) 16 juillet 2019
Les réactions sont pourtant mitigées. La nomination à l'Écologie d'Elisabeth Borne est loin de faire l'unanimité. "Nommer à l'Écologie celle qui s'apprête à remettre 25 000 camions sur les routes en fermant la ligne Perpignan-Rungis, c'est fort !", estime notamment le Parti communiste français à Franceinfo.
La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, quant à elle, qualifie cette nomination "d’évidence", Elisabeth Borne étant "une femme de terrain". Et d’ajouter : "Elle a construit une relation avec les élus locaux à travers les différents textes qu'elle a eu à défendre, elle connaît très bien ses secrétaires d'Etat", Brune Poirson et Emmanuelle Wargon, et "est opérationnelle tout de suite pour défendre la loi énergie-climat" actuellement au Sénat. Si contrairement à ses prédécesseurs au ministère, Elisabeth Born n’est pas une figure de l’écologie, "quand on parle de réchauffement climatique, la clé est dans les transports", souligne Sibeth Ndiaye.
Directrice de 2015 et 2017 de la RATP, Elisabeth Borne est notamment à l’origine de la réforme de l’entreprise ferroviaire. Elle a également élaboré la loi d'orientation des mobilités (LOM), qui sera étudiée en nouvelle lecture à la rentrée à l'Assemblée et au Sénat.
Les défenseurs de l'environnement s'inquiètent...
Les militants écolos se sont insurgés mardi contre la valse des ministres de la Transition écologique. "Les ministres ne passent pas l'été", fustige Sandrine Bélier, de l'ONG Humanité et Biodiversité. De son côté, Julien Bayou, porte-parole d'EELV, considère que la "victime de cette situation c'est l'écologie".
Quant à Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), “ce poste qui est pourtant numéro deux du gouvernement, ressemble à un siège éjectable".
Si les militants écologistes regrettent des délais tardifs concernant les décisions climatiques urgentes, ils espèrent que le prochain ministre sera capable de résister au lobbying des chasseurs ou des agriculteurs, insiste Allain Bougrain-Dubourg. Parce qu'actuellement pour les associations de défense de l'environnement, "nos seules victoires, c'est quand on évite une défaite", déplore-t-il.
- AFP/Relaxnews
- Twitter Elisabeth Borne
- Franceinfo