La mort du maire de Signes révèle les ravages environnementaux des décharges sauvages
Lundi dernier, Jean-Mathieu Michel, maire de Signes dans le Var, petite commune de 3000 habitants, est décédé après avoir été percuté par un fourgon venu décharger des gravats illégalement. Cette tragédie met en lumière le problème des décharges sauvages dans le Var, un phénomène face auquel communes, associations et riverains sont démunis.
"Mourir pour des gravats... C'est dingue, mais c'est avant qu'il fallait s'exciter", s’indigne un viticulteur du Castellet auprès de l'AFP, après le décès de Jean-Mathieu Michel, renversé par une camionnette qui tentait de déposer des déchets à la sauvette. Car dans ce village du Var, comme dans tout le département, il est courant que les camions viennent déverser les déchets du BTP illégalement.
"Ici, ce sont un million de tonnes de déchets qui ont été amenés depuis plus de trente ans, sur un terrain privé. Certains jours on voyait passer jusqu'à 100 camions. Mais tout le monde fait la politique de l'autruche", accuse ce vigneron, souhaitant rester anonyme.
"Cette décharge, elle nous mange des terres de l'AOC Bandol depuis le début des années 1990. Et sans autorisation, à notre connaissance", explique Michel Bronzo, vice-président de l'association des vins de Bandol.
Amendes trop faibles
Pour Henri Bonhomme, président de l'Union départementale du Var pour la sauvegarde de la vie et de la nature, le problème est double : "Il y a ces rejets organisés, structurés, par des entreprises du BTP, petites ou moyennes, qui s'arrangent auprès de propriétaires privés pour déverser leurs déchets à moindre coût. Et ces particuliers ou artisans qui déchargent n'importe où, au bord des routes, à la sauvette. Et là c'est encore plus difficile de se battre".
La mort du maire de Signes en est la parfaite illustration. Ces décharges sauvages installées sur des terrains privés permettent aux contrevenants de contourner les déchetteries officielles, où le dépôt de la tonne gravats coûte au minimum 10 euros. Mais selon les défenseurs de l’environnement le montant des amendes n’est pas dissuasif. Un PV de classe 5 pour "grande pollution avérée et volontaire" s'élève à seulement 1.500 euros.
Amendes trop faibles
Pour Henri Bonhomme, président de l'Union départementale du Var pour la sauvegarde de la vie et de la nature, le problème est double : "Il y a ces rejets organisés, structurés, par des entreprises du BTP, petites ou moyennes, qui s'arrangent auprès de propriétaires privés pour déverser leurs déchets à moindre coût. Et ces particuliers ou artisans qui déchargent n'importe où, au bord des routes, à la sauvette. Et là c'est encore plus difficile de se battre".
Néanmoins, aucune donnée officielle n'est disponible pour évaluer le nombre de ces décharges sauvages dans le département, ni le volume des déchets. Quant aux procédures judiciaires, elles peuvent s’étendre sur plusieurs années.
Pour contrer ce phénomène, certaines communes ont mis en place des "pièges photos", comme c’est le cas à Draguignan. Le but ? Tenter de prendre les délinquants sur le fait, en relevant leur plaque d'immatriculation. "Ce sont des appareils photos à déclenchement automatique. Nous en avons distribué environ 250 en trois ans aux 23 communes", explique à l'AFP Jérôme Brelurut, responsable de la prévention et de la gestion des déchets de l'agglomération Dracénie Provence Verdon.
Un dispositif qui porte ses fruits : "En trois ans, nous avons pu dresser 1.600 PV pour dépôt sauvage. Et nous constatons une baisse énorme de cette délinquance", souligne-t-il.