Lubrizol : plus de 5.000 tonnes de produits détruits lors de l’incendie de l’usine chimique
La préfecture de Seine-Maritime a publié dans la soirée la liste des 5.253 tonnes de produits chimiques qui ont brûlé dans l'incendie de l'usine jeudi dernier. Alors que celle-ci a assuré que "tous les produits ne sont pas dangereux", la colère et l’inquiétude montent chez les habitants.
Les déplacements des ministres se succèdent à Rouen après l’incendie de l’usine classée Seveso, Lubrizol. Mais le gouvernement ne convainc pas la population toujours plus inquiète. Si le Premier ministre Edouard Philippe a promis la transparence la plus totale concernant la catastrophe, les habitants n’en démordent pas : le pire est à venir et la vérité est cachée.
Hier, mercredi 1er octobre, le préfet Pierre-Yves Durand a exclu devant la presse tout "risque" lié à l'amiante au vu des premières analyses, tout en évoquant 160 fûts "en état délicat" qui attendent toujours d'être évacués. Quelques heures plus tard, la préfecture de Seine-Maritime a publié la liste des 5.253 tonnes de produits chimiques qui ont brûlé dans l'incendie de l'usine, conformément à la promesse faite par le Premier ministre. La préfecture a assuré que "tous les produits ne sont pas dangereux" alors que les odeurs et le nuage de fumée persistent. Dans le même temps, de nombreux résidents ressentent des migraines ou sont pris de vomissements et diarrhées depuis la catastrophe.
"Lubrizol coupable, l’État complice"
"Lubrizol coupable, l’État complice" : quelque 2.000 manifestants, dont plusieurs parlementaires, ont réclamé la vérité mardi sur l'incendie de l'usine. "Nos enfants en danger", "le préfet doit sauter", scandaient les manifestants, partis du palais de justice en direction de la préfecture de Normandie. "Ils cachent la vérité, à nous tous d'enquêter", lisait-on aussi sur une affiche brandie par une manifestante, tandis qu'une banderole réclamait le retour d'un "air normalement pollué". "Vous mentez, monsieur le Préfet !", a rétorqué dans un communiqué l'Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva). "L’important est ce qui s’est passé dans la colonne de fumée où une masse de fibres d’amiante a voyagé avec les suies." Les agences publiques chargées des risques industriels (Ineris) et de la santé (Anses) vont être consultées sur l'éventualité de rechercher de nouveaux produits dans les retombées, a annoncé la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne. Le parquet de Rouen, qui s'est dessaisi de l'enquête au profit du pôle de santé publique de Paris, a lui annoncé avoir recensé "plus d'une quarantaine de plaintes" à la suite de l'incendie.
Laxisme de Lubrizol ?
Des rapports officiels consultés mardi par Mediapart évoquent en 2016 la présence dans l'usine Lubrizol de produits "très dangereux pour l'environnement" et "nocifs". Ces textes précisent qu'un incendie pourrait donner lieu à la "formation de substances toxiques". Mme Borne a indiqué mardi qu'une partie des produits avait pu être évacuée jeudi lors de l'incendie par les services de secours.
"Lubrizol coupable, l’État complice"
"Lubrizol coupable, l’État complice" : quelque 2.000 manifestants, dont plusieurs parlementaires, ont réclamé la vérité mardi sur l'incendie de l'usine. "Nos enfants en danger", "le préfet doit sauter", scandaient les manifestants, partis du palais de justice en direction de la préfecture de Normandie. "Ils cachent la vérité, à nous tous d'enquêter", lisait-on aussi sur une affiche brandie par une manifestante, tandis qu'une banderole réclamait le retour d'un "air normalement pollué". "Vous mentez, monsieur le Préfet !", a rétorqué dans un communiqué l'Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva). "L’important est ce qui s’est passé dans la colonne de fumée où une masse de fibres d’amiante a voyagé avec les suies." Les agences publiques chargées des risques industriels (Ineris) et de la santé (Anses) vont être consultées sur l'éventualité de rechercher de nouveaux produits dans les retombées, a annoncé la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne. Le parquet de Rouen, qui s'est dessaisi de l'enquête au profit du pôle de santé publique de Paris, a lui annoncé avoir recensé "plus d'une quarantaine de plaintes" à la suite de l'incendie.
Octobre obscure
Les conséquences de l'incendie sur la santé et l'environnement interrogent la population. L'association Respire a engagé lundi soir un référé-constat auprès du tribunal administratif de Rouen pour obtenir la nomination d'"un expert afin de constituer les éléments du dossier de manière contradictoire", a expliqué à l'AFP Me Corinne Lepage. Par ailleurs, des avocats rouennais ont décidé d'organiser "des consultations gratuites spécifiques" sur l'incendie. A titre personnel, plusieurs d'entre eux ont aussi porté plainte. Au moins 1.800 agriculteurs ont été touchés par les suies de l'incendie, selon le ministère de l'Agriculture. Les premières indemnisations pourraient intervenir sous une dizaine de jours. Enfin, cinq à six écoles rouennaises sont "soit fermées car les enseignants ont fait usage de leur droit de retrait, soit ont demandé aux parents de venir chercher leurs enfants quand ils le pouvaient à cause de l'odeur", a annoncé la municipalité.
Mais l’incendie à peine terminé, un nouvel incident s'est produit dans une autre usine Seveso classée seuil haut située dans l'agglomération. La préfecture a annoncé la "mise à l'arrêt" de cette usine Borealis, qui produit des engrais, en raison d'un incident sur l'alimentation électrique. Selon Guillaume Blavette, représentant France Nature environnement au Conseil départemental de l'environnement et des risques (Coderst), Borealis contient "la plus grande cuve d'ammoniac d'Europe". "Il y a de quoi vitrifier la moitié de Rouen", a-t-il déclaré.
Avec AFP/Relaxnews
- AFP/Relaxnews