Huiles minérales dans les laits pour bébé : foodwatch tire la sonnette d’alarme
Alors que la contamination de l’alimentation par les hydrocarbures aromatiques d'huiles minérales est connue des autorités sanitaires et des industriels, en l’absence de véritable recommandation, le flou persiste sur la question. Suite à des tests réalisés sur des laits infantiles, l’association foodwatch a lancé ce jeudi une pétition pour que les produits pour bébé contaminés soient retirés du marché.
Ce jeudi 24 octobre, l’ONG foodwatch, qui milite pour une alimentation saine, a lancé une pétition demandant le rappel de plusieurs références de laits infantiles dans différents pays. En cause : la contamination aux hydrocarbures aromatiques d'huiles minérales, appelés MOAH, détectés à la suite de tests scientifiques. Dans le collimateur de l’association suite à ces analyses réalisées pour son compte par trois laboratoires indépendants certifiés : les marques Nestlé et Danone. Des gammes de Neolac, Hero Baby et Nutrilon, commercialisées en Allemagne et aux Pays-Bas ont également été épinglées.
Plus précisément, sur les 13 boîtes de lait achetées en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, 8 présentaient une quantité préoccupante d’hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales dont "Galliagest croissance 3 sans lactose" (Danone) et "Nidal 1er âge" (Nestlé) sur le marché français.
Des substances suspectées d’être cancérogènes
La présence d’hydrocarbures aromatiques d'huiles minérales dans les denrées alimentaires n’est pas un phénomène méconnu, même "si on en parle peu", précise le pédiatre Alain Bocquet. "Cela fait une dizaine d’années que l’on a commencé à s’en inquiéter ", déclare-t-il. Et depuis 2015, après à un premier test sur des produits secs, foodwatch se mobilise pour la réduction de cette exposition à ces éventuels perturbateurs endocriniens. Après avoir passé au crible 120 produits du rayon sec (pâtes, riz, lentilles, céréales de petits déjeuners…), en Europe, elle avait observé que 60 % des produits français examinés contenaient des traces de ces substances toxiques.
Les autorités sanitaires ne semblent pas en prendre la mesure. Néanmoins, dans un avis publié en 2012, l’EFSA* indiquait que les MOH aromatiques "peuvent agir comme des cancérigènes génotoxiques", en endommageant l’ADN et le matériel génétique des cellules. De son côté, en mai 2017, l’Anses a demandé aux fabricants d’agir pour "limiter l’exposition du consommateur aux MOAH ". Toutefois, comme l’explique Alain Bocquet, "c’est le flou total, il n’y a pas de réglementation précise".
Quel risque pour bébé ?
"Les huiles minérales peuvent contaminer les aliments lors des différentes étapes de fabrication, via l’emballage, durant le transports. La contamination peut se faire via les cartons, les rouleaux adhésifs, l’encre ou les colles utilisés… Ces matières sont volatiles et peuvent se retrouver dans les matières premières. Elles empoisonnent l’atmosphère", détaille le spécialiste. Mais qu’en est-il du risque pour les nourrissons ? "Les méthodes de mesure ne font pas l’unanimité. D’ailleurs, les deux marques françaises pointées du doigt réfutent ces résultats", explique le pédiatre. En effet, dans un communiqué, dépublié quelques heures après, Danone précisait que ses produits pouvaient être consommés normalement. "La qualité et la sécurité de nos produits est un impératif absolu (…). C’est pour cette raison que nos standards internes imposent des contrôles extrêmement rigoureux qui vont au-delà de la réglementation applicable. Nous n’utilisons pas de composé d’huiles minérales dans nos recettes. Nous contrôlons régulièrement leur éventuelle présence dans nos produits dans le cadre de nos plans de vigilance depuis plusieurs années. Nos contrôles réalisés ne mettent en évidence aucune trace détectable d’huiles minérales aromatiques", indiquait la firme.
Les autorités sanitaires ne semblent pas en prendre la mesure. Néanmoins, dans un avis publié en 2012, l’EFSA* indiquait que les MOH aromatiques "peuvent agir comme des cancérigènes génotoxiques", en endommageant l’ADN et le matériel génétique des cellules. De son côté, en mai 2017, l’Anses a demandé aux fabricants d’agir pour "limiter l’exposition du consommateur aux MOAH ". Toutefois, comme l’explique Alain Bocquet, "c’est le flou total, il n’y a pas de réglementation précise".
Leur pétition exige que Nestlé et Danone procèdent au rappel des produits concernés et qu’ils s’engagent à vendre des produits sans aucun MOAH détectable.
*Autorité européenne de sécurité des aliments est une des principales agences de l’Union européenne
- foodwatch France
- Interview Alain Bocquet
- Communiqué de presse Danone