Coronavirus : les humains doivent cesser de "mépriser" la nature, avertit Jane Goodall

Jane Goodall
Coronavirus : les humains doivent cesser de "mépriser" la nature, avertit Jane Goodall
© Fabrice COFFRINI - AFP / Archives
Par AFP /Relaxnews publié le
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C'est le "mépris" de notre environnement qui a provoqué la crise du Covid-19, estime Jane Goodall, 86 ans, primatologue britannique qui a voué à la vie à la défense des animaux, notamment les chimpanzés. Mais il est temps d'apprendre de nos erreurs, plaide-t-elle.

Lors d'une conférence téléphonique à l'occasion de la sortie du nouveau documentaire produit par National Geographic, "Jane, un message d'espoir", Jane Goodall est revenue sur la crise sanitaire actuelle. Pour la primatologue, la pandémie du Covid-19 est due au mépris des hommes pour l'environnement. Découvrez son entretien réalisé par l'AFP. 

Comment percevez-vous cette pandémie?

C'est notre mépris pour la nature et notre manque de respect pour les animaux avec qui nous avons partagé la planète qui ont provoqué cette pandémie, qui avait été prédite de longue date. A mesure que nous détruisons, par exemple la forêt, les différentes espèces d'animaux qui y habitent sont poussées en proximité, et des maladies passent d'un animal à un autre, et un de ces animaux, rapproché par force des humains, va probablement les infecter.

Ce sont aussi les animaux sauvages chassés, vendus sur les marchés en Afrique ou en Asie, notamment en Chine, et nos élevages intensifs où nous parquons cruellement des milliards d'animaux, ce sont ces conditions qui donnent l'occasion aux virus de faire le saut entre les espèces vers les humains.

Concernant ces marchés animaliers, que faire ?

La fermeture des marchés d'animaux vivants en Chine est une très bonne chose. C'est une interdiction temporaire dont nous ne voulons qu'elle devienne permanente et que d'autres pays asiatiques vont suivre. Mais en Afrique, il sera très difficile de stopper la vente de viande de brousse, car tant de gens en dépendent pour leur subsistance. Il faut penser très attentivement à comment faire, car on ne peut empêcher quelqu'un de faire quelque chose quand il n'a absolument pas d'argent pour vivre ou faire vivre sa famille. Mais que cette pandémie nous apprenne au moins quoi faire pour éviter une prochaine crise sanitaire et environnementale.

Et il y a de quoi espérer ?

Nous devons comprendre que nous faisons partie d'un monde naturel, que nous en dépendons, et qu'en le détruisant, en fait, nous volons l'avenir de nos enfants. J'espère qu'en raison de cette riposte sans précédent, ces confinements partout dans le monde, des gens vont se réveiller, vont commencer à réfléchir à d'autres façons de vivre. 

Tout le monde peut avoir un impact chaque jour, si vous pensez aux conséquences des petits choix que vous faites :
ce que vous mangez ; d'où ça vient ; est-ce que ça a causé de la cruauté envers les animaux ; est-ce que ça provient d'une agriculture intensive, ce qui est le cas en général ; est-ce que c'est bon marché grâce au travail forcé d'enfants ; est-ce que sa production a nuit à l'environnement ; combien de kilomètres a-t-il fallu le faire voyager ; avez vous pensé à marcher au lieu de prendre la voiture ; comment vous devez lutter contre la pauvreté, parce que les gens pauvres ne peuvent pas faire ce genre de choix éthiques, ils doivent faire ce qu'ils peuvent pour survivre, ils ne peuvent pas se poser ces questions sur ce qu'ils achètent, ça doit être le moins cher et ils abattront le dernier arbre parce qu'ils sont au désespoir de trouver la terre pour faire pousser quelque chose à manger...

Ce que nous pouvons faire chacun dans notre vie dépend de qui nous sommes, mais nous pouvons tous faire une différence, tous.