Les produits bio venant de Chine sont-ils fiables ?
A juste raison, la provenance des produits et les contrôles inquiètent les consommateurs. A fortiori quand il s'agit du bio. Ce qui vient de Chine a-t-il des raisons d'être moins fiable que ce qui est produit chez nous ? Et d'ailleurs, quelle part des produits bio dans les rayons français sont importés de Chine ?
La Chine est un nain du bio, à l'image de l'Asie, continent qui ne représente que 9% des surfaces agricoles cultivées en bio dans le monde, selon les derniers chiffres de l'Agence bio (2007). La Chine a beau totaliser 52% du « territoire bio » asiatique, cela reste peu. Les volumes d'importation ne sont pas connus car les statistiques d'importation de l'agriculture biologique sont faites seulement au niveau européen.
La directrice de l'Agence bio, Elisabeth Mercier, nous jure qu'en France, il y a « très très peu » de produits bio chinois. En l'absence de statistiques, Rue89 a interrogé le responsable de la certification internationale d'Ecocert, Michel Reynaud, qui nous explique :
« On trouve très peu de produits bio venant de Chine, du soja transformé qui entre dans l'alimentation animale, un peu de thé vert et du ginseng. Il y aussi un peu de sarrazin pour la farine et de la gelée royale. »
Bizarrement, l'Agence bio a souvenir d'une alerte sur le tourteau de soja au niveau européen et n'a pas connaissance que la filière ait été réautorisée.
Ecocert n'est pas l'unique certificateur de produits bio importés de Chine en France, mais le principal, et les autres fonctionnent à peu près de la même façon. Notons qu'en Europe, Pays-Bas et Allemagne sont de bien plus gros consommateurs, donc importateurs, que nous. Sans parler du marché américain.
Un double contrôle, sur place et en France
Une filière biologique s'est développée en Chine, au sein du département de l'agriculture durable de l'université de Pékin, il y a une dizaine d'années. Une réglementation est née en 2008 avec la création d'un label bio local qui retient « les mêmes critères que la réglementation européenne » et s'applique produit par produit, nous assure Michel Reynaud.
Désormais, une vingtaine de personnes sont employées par Ecocert Chine, filiale du groupe international. Comme partout, les équipes sont composées de certificateurs qui vérifient la conformité des produits aux critères, et d'auditeurs qui mènent des visites sur le terrain.
Lorsqu'ils sont importés en France, les produits doivent être visés par le ministère de l'Agriculture. Celui-ci vérifie que les produits sont conformes à la réglementation européenne sur le bio :
« Il y a donc un double contrôle, même si celui de la France est purement administratif. Le ministère peut nous demander des précisions, des renforcements du contrôle même si cela arrive rarement. »
Le thé vert venu de Chine peut ensuite obtenir le label AB ou celui du nouveau label bio européen, une fois passé au filtre des critères français.
Ne pas tomber dans le pièce du « risque pays »
Ecocert nous dit qu'il adapte son plan de contrôle aux niveaux de risques du pays producteur. La Chine nécessite-t-elle plus de contrôle ? Sur ce point, Michel Reynaud refuse de « tomber dans le piège du risque-pays » [ce qui vient de Chine donnant moins confiance en général, ce serait aussi le cas pour le bio, ndlr], tout en tentant « d'être plus vigilant parce que ce pays n'a pas le même historique ni le même encadrement. »
Parmi les risques « objectifs » identifiés :
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Une offre trop importante : s'il y a une offre vraiment supérieure à la demande, le risque est plus grand. Cela dépend des filières et Ecocert adapte le niveau de ses contrôles.
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Le manque d'encadrement : en Europe, les agriculteurs disposent de conseillers à l'agriculture biologique qui aident à la transition, pas en Chine.
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La contamination du bio par l'agriculture traditionnelle, qui peut être un risque important.
Et le bilan carbone ?
Autre question posée par Oie blanche : un produit bio venu de Chine émet-il plus de CO2 que son équivalent européen ? La comparaison n'existe pas produit par produit, mais Max Havelaar, à qui nous avons posé la question, est nuancé : une étude suisse dresse le bilan carbone comparé d'un sucre de betterave produit en Suisse ou Allemagne et d'un sucre de canne bio et issu du commerce équitable importé d'Amérique latine et, surprise, le produit qui a voyagé par bateau émet moins de CO2 que celui issu d'un processus industriel à l'européenne.