Ils étaient heureux durant deux mois : ces personnes qui regrettent le confinement

Couple et bébé heureux
Ils étaient heureux durant deux mois : ces personnes qui regrettent le confinement
© Pixabay
Par Dorothée Blancheton publié le
Journaliste indépendante
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Si le déconfinement est vécu comme une libération pour de nombreux Français, d’autres regrettent déjà ces semaines d’isolement. Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne, nous aide à comprendre pourquoi.

Depuis le 11 mai dernier, les Français retrouvent progressivement leur liberté après ces deux mois de confinement. Pourtant, si beaucoup se réjouissent de pouvoir de nouveau sortir comme ils veulent, d’autres regrettent déjà cette période. Un sondage d’Odoxa* a révélé que 75 % des Français ne se sentaient pas déprimés par le confinement, ni anxieux ou stressés (57 %), bien que ces résultats varient selon la population. Les trois quarts ont profité de cette période pour faire des choses utiles qu’ils n’ont jamais le temps de faire d’habitude, et 67 % ont déclaré passer de bons moments en famille.
Des points positifs qui peuvent expliquer le regret du confinement. C’est le cas, par exemple, de Gaëlle, professeur dans un collège du Sud de la France et jeune maman. "Le confinement m’a rappelé ma vie d’avant quand j’étais freelance. J’ai de nouveau pu disposer de mon temps. C’était vraiment appréciable parce que je pouvais profiter de ma fille. Je n’étais pas pressée le matin et je n’avais pas à lui dire de se dépêcher. Etre au rythme de mon enfant et pouvoir adapter mon travail à elle, ça a été très agréable", confie-t-elle.

Une adaptation soudaine mais appréciée

L’annonce du confinement a été assez soudaine et a demandé à chacun de s’adapter à l’inconnu. "Il a fallu comprendre que cette mesure était prise pour nous protéger. Cela a été un effort psychique collectif. On s’y est accoutumé et on s’est montré actif pour mieux la vivre. Les gens ont davantage fait de sport, du ménage, du jardinage…", explique Johanna Rozenblum, psychologue  clinicienne à Paris.

Avec le déconfinement, c’est le chemin inverse qu’il faut faire. Il faut accepter de ressortir, de peut-être s’exposer à l’ennemi invisible que l’on évitait jusque-là en restant chez soi. Cela fait écho au syndrome de la cabane. Pendant la ruée vers l’or au XIXème siècle, les chercheurs en quête de pépites vivaient reclus de la civilisation dans de petites cabanes. "A leur retour, ils ont développé une méfiance à l’égard de leur entourage, de l’anxiété, et une certaine nostalgie. C’est violent ici aussi de se retrouver au contact des autres, du bruit. Il faut se réadapter", analyse la psychologue.

Le confinement : un cocon protecteur pour certains

Selon Johanna Rozenblum, deux types de personnes se dessinent au sortir du confinement. Il y a ceux qui l’ont détesté, qui ont vu leur stress augmenter et qui ont dû fournir un gros effort d’adaptation. Désormais, faire le chemin inverse est difficile pour eux.
D'autres, au contraire, ont vécu cette période sereinement : le confinement a été un cocon protecteur, et ils ont bien vécu la solitude. Ces personnes ont fait un travail d’introspection, ont revu leurs priorités, leurs valeurs… Gaëlle appartient à cette seconde catégorie. Cette coupure imposée lui a fait remettre en question son quotidien. "Ma fille est en école privée Montessori pour respecter son rythme mais j’ai toujours mon travail à l’Education nationale qui fait que je suis brimée par les horaires rigides. On devrait faire un sondage pour connaître le nombre de parents qui sont contents d’être à la maison et de ne pas avoir du stress quant aux horaires. Cette crise devrait nous aider à repenser les horaires de travail afin qu’ils soient plus naturels et permettent une harmonisation entre la vie professionnelle et familiale", déclare Gaëlle.
Elle qui a fondé il y a peu l’association BE-N-Joy (Bienveillance –Empathie – Neurosciences) entend bien conserver et développer l’esprit de solidarité qui s’est créé pendant le confinement. Elle souhaite plus que jamais favoriser le tissage de liens dans les quartiers et les bonnes relations dans les familles.

Avec le déconfinement, c’est le chemin inverse qu’il faut faire. Il faut accepter de ressortir, de peut-être s’exposer à l’ennemi invisible que l’on évitait jusque-là en restant chez soi. Cela fait écho au syndrome de la cabane. Pendant la ruée vers l’or au XIXème siècle, les chercheurs en quête de pépites vivaient reclus de la civilisation dans de petites cabanes. "A leur retour, ils ont développé une méfiance à l’égard de leur entourage, de l’anxiété, et une certaine nostalgie. C’est violent ici aussi de se retrouver au contact des autres, du bruit. Il faut se réadapter", analyse la psychologue.

 

*Enquête  Odoxa-CGI pour franceinfo et France Bleu, réalisée par internet entre le 25 et le 30 mars 2020, auprès de 3 004 Français âgés d'au moins 18 ans.