Vacances d’été : les policiers de l’environnement veillent au respect de l’écosystème
Sur le lac de Madine, dans le Grand-Est, oiseaux et touristes se partagent l'espace. Pour veiller à leur bonne coexistence, des actions de sensibilisation vont être menées durant l'été, où les Français sont incités à voyager près de chez eux à cause du coronavirus.
Le confinement a réveillé des envies de nature chez certains et les possibilités de voyages sont limitées par la réouverture partielle des frontières à l'occasion des vacances scolaires. L'Office français de la biodiversité (OFB), établissement public né en janvier 2020, en profite pour lancer une vaste campagne de sensibilisation à la protection de la faune et de la flore sauvages. 1 500 policiers de l'environnement sillonneront les zones touristiques de toutes les régions de France. Si leur mission est avant tout préventive, ces policiers pourront également sanctionner les récalcitrants d’une amande d’un montant de 135 euros.
Une cohabitation entre la nature et le tourisme
A Madine, vaste lac artificiel de 1 100 hectares qui s'étend dans le parc naturel régional de Lorraine, les agents de l'OFB sont prêts à accueillir les vacanciers. Le lac comporte des zones de quiétude réservées aux animaux, en particulier les oiseaux - héron cendré, balbuzard pêcheur, cygne, cigogne blanche, sterne et des plus menacés comme le butor étoilé - et des poissons dont des carpes.
Les oiseaux apprécient les roselières en bordure de rivage et de petites îles inexploitées par l'homme. Le site comprend aussi des forêts et des prairies, entretenues par des chevaux rustiques Konik polski et des vaches Highland et abrite libellules, chauves-souris, amphibiens...
Une partie du lac a été aménagée en base de loisirs avec une plage de sable, un port accueillant des bateaux à voile ou électriques, des jeux gonflables sur l'eau, un restaurant... "Nous avons plus de 30 activités nautiques, terrestres (chemins pédestres et à vélo) et nature (sentier ornithologique)", énumère Materne Heiligenstein, directeur général du syndicat mixte de Madine. Des logements sont proposés en gîtes dans des villages voisins, en camping ou encore en hébergement collectif. "On note une recrudescence de la demande, avec des gens qui redécouvrent Madine", indique-t-il. "Il s'agit de faire vivre la réserve en bonne intelligence avec le tourisme", résume Jean-Marc Lefranc, conservateur de la réserve. Dès la fin du confinement, les touristes, venus essentiellement de la région, ont été au rendez-vous, avec 10 000 personnes certains week-ends. L'été, le lac accueille aussi des Belges, Luxembourgeois, Néerlandais...
Les oiseaux apprécient les roselières en bordure de rivage et de petites îles inexploitées par l'homme. Le site comprend aussi des forêts et des prairies, entretenues par des chevaux rustiques Konik polski et des vaches Highland et abrite libellules, chauves-souris, amphibiens...
A Madine, les agents de l'OFB vont à la rencontre des touristes à pied, à vélo ou en bateau. A un pêcheur installé pour camper les pieds dans l'eau, ils rappellent que c'est interdit et l'invitent à rejoindre un poste de pêche autorisé. "Il y a un risque d'incendie", explique Catherine Lhote, directrice régionale de l'OFB. Sur le lac, ils engagent des pêcheurs à s'éloigner à plus de dix mètres des roselières verdoyantes pour ne pas troubler les animaux. Plus loin, un canoë rouge s'est aventuré dans une zone de quiétude, malgré les bouées marquant l'interdiction. Il s'est enfoncé dans les roseaux, à quelques dizaines de mètres d'une plateforme abritant des poussins sternes ébouriffés. Pour ce récidiviste, déjà repéré il y a quelques semaines, c'est une amende de 135 euros. Pour Odile Beirens, maire du village voisin de Buxières-sous-les-Côtes et présidente du comité de pilotage Natura 2 000, dont Madine fait partie, "nous sommes à un tournant, il faut travailler encore plus sur l'aspect nature".
Ce souci de concilier activités humaine et protection de l'environnement dépasse le lac. L'OFB "s'est préparé d'une façon particulière au moment du déconfinement" et "cet été, nous nous adapterons en fonction de la fréquentation", explique Catherine Lhote. La campagne de sensibilisation sera déclinée dans les 16 régions, de la dune du Pilat en Nouvelle-Aquitaine, au lac d'Ilay en Bourgogne-Franche-Comté, en passant par La Réunion ou l'estuaire de la Slack dans les Hauts-de-France.