Investir dans un projet de vie écologique et solidaire : l'attrait de l'habitat participatif
Habitat participatif, cohabitat ou encore habitat groupé... à quoi se réfèrent ces termes ? Focus sur une démarche citoyenne axée autour du développement durable, qui a le vent en poupe en France.
Pendant le confinement, le besoin d'interagir avec la nature et la volonté de moins consommer au profit d'un mode de vie davantage axé sur le partage se sont fait ressentir chez de nombreux Français, comme l'ont montré plusieurs sondages. La vague verte observée lors des récentes élections municipales traduit elle aussi un intérêt accru pour l'écologie de la part des Français. Et si l'une des solutions pour concrétiser son engagement environnemental résidait dans l'habitat participatif ?
Des espaces communs et privés
On parle d'habitat participatif (ou cohabitat) quand plusieurs personnes s'associent pour l'achat commun d'un logement, qu'ils construisent ou rénovent ensemble, conformément à leurs valeurs écologiques. Leur implication peut intervenir aussi bien dans le choix des matériaux que dans l'aménagement de l'espace : installation de panneaux solaires, peinture organique, toilettes sèches, potager, etc.
Le logement participatif comporte des parties privées (chaque personne ou famille peut donc disposer de son propre appartement) et des espaces communs (jardin, salle de jeux pour les enfants, buanderie, chambre pour les invités, etc.).
Un mode de vie solidaire
Les motivations pour se lancer sont multiples : réduire sa consommation énergétique, nouer des liens forts au sein d'une communauté, réaliser des économies financières... L'une des pierres angulaires de l'habitat participatif repose également sur l'entraide et le partage (baby-sitting, aide aux personnes âgées, etc.). Les accessoires du quotidien peuvent également être partagés dans une démarche écologique, par exemple les machines à laver ou les voitures.
Une pratique fortement ancrée en Europe
En Europe, l'habitat groupé s'est développé à la fin du XXe siècle. Avec le Danemark, l'Allemagne est l'un des premiers pays à l'avoir adopté, notamment avec la ville de Tübingen (1990-2000), au sud de Stuttgart, réputée pour son université, où plus de 80% des constructions en logements neufs sont consacrées à l'habitat participatif. La Norvège et la Suisse sont également friandes de cette pratique, avec respectivement 15% et 5% du parc immobilier dédié à l'habitat participatif.
Aux Etats-Unis, plusieurs quartiers d'habitat participatif ont vu le jour, notamment dans l'éco-village d'Ithaca (Etat de New York), construit à la fin des années 90. Le Canada n'est pas en reste : le vaste projet Cohabitat Québec inauguré en 2013 réunit plus d'une centaine de personnes réparties dans 42 unités privatives et espaces communs.
En France, le cohabitat gagne du terrain. La ville de Strasbourg est la première à s'être lancée dans l'expérience en 2009, à l'initiative de l'association Eco-Logis. Depuis, plusieurs agglomérations lui ont emboîté le pas, à l'instar de Montpellier avec le projet MasCobado, ou Toulouse avec l'habitat participatif Aux 4 vents dans le quartier de la Cartoucherie.
Depuis 2014, un dispositif de la loi Alur offre un cadre juridique aux personnes qui souhaitent se lancer dans ce type de projet. Le "monde d'après" sera-t-il propice pour démocratiser l'habitat participatif dans l'Hexagone ?