Cinq ans après l'Accord de Paris, l'ONU appelle à "déclarer l'état d'urgence climatique"
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé le monde à "déclarer l'état d'urgence climatique", et à redoubler d'efforts contre le réchauffement climatique, samedi, lors d'un sommet en visioconférence organisé cinq ans après l'Accord de Paris.
"J'appelle aujourd'hui les responsables du monde à déclarer l'état d'urgence climatique dans leur pays jusqu'à ce que la neutralité carbone soit atteinte", a lancé Antonio Guterres, plaidant pour une relance verte après la pandémie de nouveau coronavirus.
Il y a cinq ans, la communauté internationale s'était engagée à contenir le réchauffement "nettement" au-dessous de +2°C, et si possible +1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle.
Mais les engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES) pris par les différents pays "n'étaient pas suffisants" et "n'ont pas été respectés", a souligné M. Guterres, avant d'appeler à "réduire les émissions mondiales de 45 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010".
Des dizaines de chefs d'État et de gouvernement, ainsi que des représentants d'entreprises et de la société civile, ont participé à ce "sommet ambition climat" organisé par les Nations unies, le Royaume-Uni et la France, en partenariat avec le Chili et l'Italie.
A moins d'un an de la COP26 qui se tiendra en novembre 2021 à Glasgow, en Ecosse, le secrétaire général de l'ONU les a exhortés "à faire preuve d'ambition".
Avant le sommet, plusieurs Etats ont annoncé des plans audacieux pour réduire leurs émissions de GES. Vendredi, les 27 pays de l'UE se sont entendus pour réduire leurs émissions d'"au moins 55%" d'ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, contre -40% précédemment, afin d'atteindre en 2050 la neutralité carbone.
La Chine, plus grand pollueur au monde, a récemment annoncé son intention d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060. Le président chinois Xi Jinping a promis samedi de réduire son intensité carbone (émissions de CO2 rapportées au PIB) de "plus de 65%" d'ici 2030 par rapport au niveau de 2005.
De son côté l'Inde n'a pas encore fixé d'objectif en termes de neutralité carbone.
Israël et le Pakistan se sont engagés à supprimer progressivement les centrales électriques au charbon. Ibrahim Mohamed Solih, le président des Maldives, menacées par la montée des eaux, a déclaré que "les Maldives feront tout ce qui est en leur pouvoir pour faire face à l'urgence climatique" et appelé la communauté internationale "à faire de même".
Le Royaume-Uni compte arrêter "dès que possible" de soutenir financièrement des projets d'énergies fossiles à l'étranger. Le gouvernement britannique prévoit en outre de réduire les émissions de CO2 d'au moins 68% d'ici 2030.
Évoquant ces efforts dans un langage imagé, Boris Johnson a déclaré : "Nous ne faisons pas cela parce que nous sommes des écolos qui aimons nous flageller et manger des fèves germées (...) Nous le faisons parce que nous savons que les progrès scientifiques nous permettront collectivement, en tant qu'humanité, de sauver notre planète et de créer des millions d'emplois hautement qualifiés pendant la relance post-Covid".
"Welcome back!"
Pour Oxfam, le sommet "a manqué de réelle ambition" et les dirigeants doivent se mobiliser en urgence les prochains mois.
"C'est une chose de fixer des objectifs de neutralité carbone pour des décennies futures et une autre de mettre en oeuvre dès maintenant des politiques qui nous y mèneront. C'est ce qui doit être la priorité de tous les pays en 2021", a déclaré dans un communiqué Mohamed Adow, directeur du groupe de réflexion sur le climat Power Shift Africa.
Après l'élan historique de l'Accord de Paris, l'enthousiasme était retombé, douché un an plus tard par l'élection à la Maison Blanche de Donald Trump qui avait annoncé le retrait de la deuxième économie mondiale du pacte mondial contre le dérèglement climatique.
Canicules, ouragans en série, méga-feux de forêts, inondations... La multiplication des événements dévastateurs est un signe sans équivoque du réchauffement de la planète, qui vient de vivre la décennie la plus chaude jamais observée.
"Nous avons manqué de réaliser les actions audacieuses nécessaires et, aujourd'hui, nous n'avons pas de temps à perdre", a reconnu samedi le président élu des Etats-Unis, Joe Biden, dans un communiqué.
Il a souligné que les États-Unis rejoindraient l'Accord de Paris dès "le premier jour de (sa) présidence", et a réaffirmé sa volonté d'organiser un sommet international sur le climat dans les 100 jours qui suivront.
"Welcome back, welcome home!" (content de vous revoir à la maison!), a lancé le président français Emmanuel Macron lors du sommet, saluant le retour annoncé des Etats-Unis.