Ecoconstruction : le béton recyclé, un enjeu de taille pour l'environnement

Ecoconstruction : le béton recyclé, un enjeu de taille pour l'environnement
Eco construction : le béton recyclé, un enjeu de taille pour l'environnement
© Pixabay
Par Claire Villard publié le
Journaliste indépendante

Avec l’arrivée du béton recyclé, le secteur de la construction opère enfin un début de virage vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

On parle de plus en plus de chantiers verts, de constructions à partir de biomatériaux. Mais on oublie parfois qu’avant de construire, bien souvent, on casse. Quid de l’avenir de ces déchets, en nombre incalculable, provenant d’immeubles délabrés, d’infrastructures aux normes dépassées, de quartiers désertés puis rasés ? De natures variées, ces déchets doivent d’abord faire l’objet d’un tri. Ensuite, le béton, qui les compose dans leur immense majorité, est la plupart du temps concassé pour être utilisé en voirie, en remblai sur les routes ou encore en fondations. Utilisé, certes, mais pas vraiment valorisé.

Un béton recyclé plus résistant

Une entreprise d’Eure-et-Loir a mis au point une technologie permettant de recycler le béton de démolition en nouveau béton. Rappelons que ce matériau se compose de tout petits fragments de roche (appelés granulats ou agrégats) mélangés à un liant (qui peut être du ciment, de l’argile, etc). Il existe un très grand nombre de bétons aux propriétés différentes selon leur composition et les adjuvants utilisés, la teneur en eau, etc.

La société Poullard, basée à Lèves, produit depuis 2016 des granulats entièrement recyclés, à partir de sable et de graviers eux-mêmes recyclés et issus de la démolition. « Et nous sommes toujours les seuls à le faire aujourd’hui », précise Stéphane Poullard, président de la société familiale, fondée par son père en 1979, et avec lequel il a pensé cette innovation.

« Le processus pour lequel nous avons déposé un brevet est complexe. Aujourd'hui, nous sommes à même d’ouvrir des franchises en France et à l’étranger mais tout cela a pris beaucoup de temps. Pour obtenir la certification et pouvoir vendre nos produits à des centrales à béton, il nous a fallu trois ans. » Le béton résultant des granulats et du sable recyclés commercialisés sous la marque Granudem possède des caractéristiques équivalentes voire supérieures, selon Stéphane Poullard, au béton neuf. « Nos produits sont aujourd’hui utilisés par des grands groupes tels que Bouygues, notamment pour la construction actuelle du nouveau bâtiment du siège de l’agence spatiale européenne (ESA) à Paris. » Une belle vitrine pour la société de vingt-trois salariés de la région chartraine.

Le sable, enjeu écologique majeur

Lorsqu’il a voulu lancer le projet Granudem, Stéphane Poullard reconnaît qu’il s’est senti « seul au milieu du désert ». « Ensuite, en 2019, il y a eu une accélération de la prise de conscience écologique, avant une vraie explosion en 2020. »

Mouvement global planétaire, meilleure information : les professionnels du secteur mais aussi le grand public savent désormais que les métiers de la construction sont parmi les plus polluants, qu’il s’agisse d’émissions de CO2 ou bien d’exploitation des ressources naturelles. « On ne le dit pas assez, mais le sable est plus utilisé encore que le pétrole… C’est la ressource la plus consommée après l’eau et l’air », insiste Stéphane Poullard. Et d’évoquer le documentaire « Le sable, enquête sur une disparition », diffusé en 2013 sur Arte et véritable succès télévisé, tant l’enquête poussée mettait au jour des faits méconnus et vertigineux. « Le réalisateur, Denis Delestrac, est d’ailleurs venu à l’inauguration de notre plate-forme », conclue le chef d’entreprise.

Outre le bois, la terre crue, la paille, le chanvre... le béton recyclé est aujourd'hui une véritable alternative écologique dans le secteur de la construction durable. 

Photo : © société Poullard