La consommation durable semble ignorer la crise

Par Bioalaune publié le

  S'ils restent des marchés de niche, les produits et services « responsables » bénéficient toujours de forts taux de croissance, selon la troisième édition du rapport publié par Elisabeth Laville.  

La consommation durable poursuit son irrésistible ascension, au mépris de la crise. C'est ce que conclut la troisième édition du rapport « Les chiffres de la consommation responsable 2009 », piloté par Elisabeth Laville, fondatrice du cabinet Utopies et du site mescoursespourlaplanete.com. Le document tente depuis 2006 de compiler les ventes de produits verts et équitables ainsi que les services financiers ou l'achat d'énergie.
 

La crise pouvait laisser entrevoir un recul de cette consommation au profit d'un retour aux premiers prix. Or les taux de croissance atteignent souvent deux chiffres. En tête de gondole, on retrouve les cosmétiques bio ou naturels qui, depuis 2005, gravissent avec entrain une pente de 40 %. Les marques se sont engouffrées dans ce marché du naturel très porteur en créant un foisonnement de labels.
 

L'alimentation bio confirme sa progression de 25 %, mais la nouveauté tient au poids des ventes en grandes surfaces, en hausse de 30 %. Pratiquement la moitié des ventes d'aliments bio se font désormais dans les supermarchés, cela grâce notamment à leurs marques propres certifiées.
 

La viande biologique connaît une progression étonnante, avec par exemple 17 % pour le poulet de chair. Cette hausse contredit le déclin récent de quelques pourcent de l'achat de viande de boucherie, une pause historique sachant que la consommation carnée a triplé en un siècle. Les auteurs du rapport reconnaissent toutefois n'avoir pas récupéré les chiffres de la viande transformée (raviolis, etc.).
 

L'alimentation bio confirme sa progression de 25 %, mais la nouveauté tient au poids des ventes en grandes surfaces, en hausse de 30 %. Pratiquement la moitié des ventes d'aliments bio se font désormais dans les supermarchés, cela grâce notamment à leurs marques propres certifiées.
 

Les biens de consommation courants n'échappent pas à la vague verte. La France est devenue fin 2009 le deuxième pays européen, derrière l'Italie, à proposer des produits portant l'écolabel européen. Le commerce français vend 187 références, contre 140 en 2007. Avec la norme NF environnement française, le label européen porte maintenant sur 40 catégories de biens. Entre 2007 et 2008, les détergents écologiques ont ainsi connu 30 % de ventes supplémentaires.
 

L'électroménager énergétiquement efficace (classe A +/++) voit de son côté sa part de marché dépasser 20 %. Les lampes basse consommation ont profité de l'interdiction des ampoules à filaments en septembre dernier. Leur vente a bondi en 2009 de 50 % en valeur et en volume. Autre indicateur intéressant, les carafes filtrantes connaissent 25 % de croissance, au détriment de l'eau en bouteille, qui a subi en 2009 une accélération des baisses de ventes.
 

Elisabeth Laville rappelle toutefois que tous ces marchés restent des niches. Les cosmétiques bio et naturels ne représentent pas plus de 4 % des ventes françaises. De même, les écolabels sont loin d'atteindre leur objectif de toucher 20 % à 30 % du marché. «  Tant que les grandes marques comme Procter & Gamble ne s'y mettent pas, ces gammes ne se développeront pas massivement »,  juge Elisabeth Laville.
 

L'étude de la consommation durable bute également sur un autre obstacle : plusieurs marchés sont tellement alternatifs qu'ils n'ont pas les moyens de tenir leurs statistiques de vente. C'est par exemple le cas des Amap (associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) dont la vente de fruits et légumes connaît un succès croissant mais trop fragmenté pour le mesurer. Les ventes bois de forêts certifiés FSC et PEFC, les fleurs labellisées, le tourisme responsable ou les produits équitables souffrent de la même opacité.

 

lesechos.fr - MATTHIEU QUIRET - 31/03/10