Karine Marsilly, première arboriste grimpeuse française

Karine Marsilly
Karine Marsilly, première arboriste grimpeuse française
Par Dorothée Blancheton publié le
Journaliste indépendante
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Karine Marsilly, arboriste grimpeuse, vient de publier « Ma vie avec les arbres » aux éditions Harper Collins. Elle est l’une des rares femmes françaises à exercer ce métier dangereux et exigeant. L’occasion découvrir son parcours et de partager son amour pour les arbres.

C’est dans l’Éducation nationale que Karine Marsilly débute sa carrière. Mais, peu en phase avec la pédagogie appliquée, elle quitte ses fonctions en 2002. Elle prend alors un virage à 180° et suit une formation à l’Institut de l’Espace et du paysage de l’Eau et de l’Environnement, une école très sélective aujourd’hui fermée, pour devenir cheffe de chantier en environnement. Si sa formation et son stage se passent très bien, trouver du travail est une autre histoire. Le milieu est exclusivement masculin, les chefs d’entreprise craignent d’engager une femme. Elle se souvient alors que pendant sa formation il y avait des jeunes qui apprenaient le métier d’élagueur. « C’est exactement ce que je voulais faire : grimper en haut des arbres pour prendre soin d’eux. Maman était un peu désespérée de me voir emprunter cette voie mais elle avait vu que déjà petite fille, j’étais plutôt du genre casse-cou », lance Karine Marsilly.

Une enfance parisienne

Son enfance, elle la passe en région parisienne avec sa maman esthéticienne et son beau-père professeur à HEC (son papa est décédé quand elle avait 8 mois). Dans sa famille, il y a plutôt des ingénieurs et des industriels passionnés par les technologies de pointe et le secteur automobile. Mais la nature est présente aussi. Elle séjourne en Haute-Savoie chez ses grands-parents, à jouer dans la nature avec sa cousine et des voisins. Son grand-père lui apprend l’escalade et déjà elle prend plaisir à grimper dans les arbres pour avoir un point de vue imprenable.
Son grand-père paternel est un spécialiste de la greffe des arbres fruitiers tandis que sa grand-mère l’emmène dans parcs botaniques, la forêt domaniale de Marly, lui apprend le nom des arbres. Les parents de son beau-père, eux, l’instruisent sur les champignons et les insectes...

L’élagage oui... mais à sa façon

Karine Marsilly obtient la première place à l’examen d’admission des élèves en école d’élagage. Sa musculature due à l’escalade et ses connaissances acquises grâce à sa formation de chef de chantier en environnement sont des atouts. A 29 ans, elle est l’une des premières femmes à intégrer ce genre d’école en France. Elle est aussi la plus âgée de sa promo composée majoritairement de jeunes qui sortent du lycée. Les blagues misogynes sont de mise et ses camarades lui laissent volontiers les chantiers les plus difficiles et dangereux. Mais elle s’accroche.
Elle décroche même un job auprès d’un des membres du jury d’examen final pour étêter et démonter les arbres, c’est-à-dire les couper. Mais si Karine Marsilly est élagueuse c’est pour « prendre soin de l’arbre dans une relation presque maternelle », pour le rendre « beau et bon » en ne coupant que ce qui est nécessaire. Elle ne veut pas abattre les arbres. Et là encore, on ne lui fait pas de cadeau. « C’est un milieu où les hommes sont dominants. Ils m’envoyaient sur les chantiers les plus périlleux, couper une dizaine de peupliers que j’escaladais à l’aide de griffes fixées dans les chaussures et avec 14 kg de bardas sur le dos. Mais le plus dur c’était les remarques », confie l’élagueuse. Ce métier extrêmement physique et ces expériences dures l’amènent à se dépasser et à avoir « en termes purement techniques des capacités bien supérieures à celles de la plupart de (s)es collègues hommes ».
Depuis 2005, Karine Marsilly est installée à son compte pour faire les choses à sa manière : elle travaille à la scie japonaise plutôt qu’à la tronçonneuse pour plus de précision ; elle coupe au moment propice et seulement ce qui est nécessaire.

Une passion à transmettre

« Ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est de préserver, d’embellir l’arbre, de mettre une bonne intention quand je m’occupe d’eux. Ils ressentent nos intentions et resplendissent alors. J’ai la chance d’être dans les arbres tous les jours depuis 18 ans. Ça demande beaucoup d’observation pour voir comment ils vont cicatriser. C’est un métier formidable qui permet de se maintenir physiquement mais qui est aussi très prenant », confie Karine Marsilly.
Celle qui fut dans l’Education Nationale sait à quel point il est important de transmettre aux jeunes générations. « Il faut apprendre à l’humanité comment fonctionnent les arbres. Sans eux, nous ne pourrions pas respirer. Or, il y a de plus en plus de destructions forestières. Les arbres sont là depuis 400 millions d’années, ils n’ont pas besoin d’intervention humaine pour s’adapter », explique l’arboriste grimpeuse. En attendant, elle continue de côtoyer chaque jour ces géants pour son plus grand plaisir.

L’élagage oui... mais à sa façon

Karine Marsilly obtient la première place à l’examen d’admission des élèves en école d’élagage. Sa musculature due à l’escalade et ses connaissances acquises grâce à sa formation de chef de chantier en environnement sont des atouts. A 29 ans, elle est l’une des premières femmes à intégrer ce genre d’école en France. Elle est aussi la plus âgée de sa promo composée majoritairement de jeunes qui sortent du lycée. Les blagues misogynes sont de mise et ses camarades lui laissent volontiers les chantiers les plus difficiles et dangereux. Mais elle s’accroche.
Elle décroche même un job auprès d’un des membres du jury d’examen final pour étêter et démonter les arbres, c’est-à-dire les couper. Mais si Karine Marsilly est élagueuse c’est pour « prendre soin de l’arbre dans une relation presque maternelle », pour le rendre « beau et bon » en ne coupant que ce qui est nécessaire. Elle ne veut pas abattre les arbres. Et là encore, on ne lui fait pas de cadeau. « C’est un milieu où les hommes sont dominants. Ils m’envoyaient sur les chantiers les plus périlleux, couper une dizaine de peupliers que j’escaladais à l’aide de griffes fixées dans les chaussures et avec 14 kg de bardas sur le dos. Mais le plus dur c’était les remarques », confie l’élagueuse. Ce métier extrêmement physique et ces expériences dures l’amènent à se dépasser et à avoir « en termes purement techniques des capacités bien supérieures à celles de la plupart de (s)es collègues hommes ».
Depuis 2005, Karine Marsilly est installée à son compte pour faire les choses à sa manière : elle travaille à la scie japonaise plutôt qu’à la tronçonneuse pour plus de précision ; elle coupe au moment propice et seulement ce qui est nécessaire.