Santé, environnement : rouler à 30 km/h vs 50 : qu’est-ce que ça change vraiment ?

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Par Dorothée Blancheton publié le
Journaliste indépendante
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De plus en plus de villes limitent la circulation à 30 km/h au lieu de 50. Cela change-t-il réellement quelque chose pour l’environnement et la santé ? Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports, nous aide à faire le point.

Depuis le 30 août 2021, la circulation dans les rues parisiennes (excepté quelques grands axes) est désormais limitée à 30 km/h au lieu de 50. D’autres grandes villes françaises ont déjà franchi le pas depuis quelques années comme Angers, Grenoble, Toulouse, Rennes... Une tendance qui devrait encore gagner du terrain en France et en Europe. Mais rouler 20 km/h moins vite en ville a-t-il vraiment un impact positif sur l’environnement et la santé ?

Un effet contrasté sur les émissions de gaz à effet de serre

Les évaluations scientifiques sur les émissions de gaz à effet de serre d'une conduite  à moindre allure sont assez contrastées, en matière d’émission de polluants. "Beaucoup d’analyses disent que l’incidence est assez faible. Il peut y avoir des effets négatifs à rouler à 30 km/h : par kilomètre parcouru, les émissions sont plus élevées sur une vitesse moyenne plus faible parce que les moteurs sont optimisés en moyenne à une vitesse de 70 km/h. En revanche, on a tendance à moins faire de phases d’accélération et de freinage, qui sont assez déterminantes en ville, quand on roule à 30 km/h", explique Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports à la Chaire Energie et Prospérité. Autre avantage possible, rouler à plus faible allure permettrait de fluidifier la circulation en limitant cet effet accordéon dû aux freinages et accélérations.

Les émissions de particules fines : un point important à surveiller

Avec les véhicules électriques, les questions de polluants atmosphériques ou d’émissions de gaz à effet de serre dans l’utilisation de l’énergie sont balayées. Mais il y a toujours des émissions de particules fines qui peuvent être liées à l’abrasion des pneus et des routes. Les études n’ont pas encore vraiment déterminé l’impact d’une vitesse réduite sur ces points-là. Or, Aurélien Bigo estime que c’est un point qui va être de plus en plus important à observer. "Aujourd’hui en Ile de France, plus de la moitié des émissions de particules fines du trafic routier sont liées à des émissions hors échappement. On a fait beaucoup de progrès sur les émissions dues à la combustion du carburant, en revanche, on n’en a pas fait sur les émissions liées à l’abrasion des pneus et de la chaussée qui touche aussi bien les véhicules électriques que thermiques. Ça pourrait même être pire sur les véhicules électriques car ils sont plus lourds avec le poids de leur batterie", analyse le chercheur. Cela pourrait être au moins en partie compensé par le fait que l’abrasion des freins est plus faible, en raison du freinage régénératif lors des faibles décélérations qui permet de recharger la batterie.

Un atout pour favoriser la mobilité alternative

Le fait d’aller moins vite en voiture peut aussi inciter à davantage recourir aux transports en commun et donc réduire la pollution de l’air. Mais cette mesure à elle seule ne suffit pas à un report modal. Elle n’est qu’un maillon d’un mouvement de fond, et s’intègre à d’autres politiques publiques comme des aménagements urbains, des règles de circulation, des aides pour l’achat ou pour la location de vélo... 

Les émissions de particules fines : un point important à surveiller

Avec les véhicules électriques, les questions de polluants atmosphériques ou d’émissions de gaz à effet de serre dans l’utilisation de l’énergie sont balayées. Mais il y a toujours des émissions de particules fines qui peuvent être liées à l’abrasion des pneus et des routes. Les études n’ont pas encore vraiment déterminé l’impact d’une vitesse réduite sur ces points-là. Or, Aurélien Bigo estime que c’est un point qui va être de plus en plus important à observer. "Aujourd’hui en Ile de France, plus de la moitié des émissions de particules fines du trafic routier sont liées à des émissions hors échappement. On a fait beaucoup de progrès sur les émissions dues à la combustion du carburant, en revanche, on n’en a pas fait sur les émissions liées à l’abrasion des pneus et de la chaussée qui touche aussi bien les véhicules électriques que thermiques. Ça pourrait même être pire sur les véhicules électriques car ils sont plus lourds avec le poids de leur batterie", analyse le chercheur. Cela pourrait être au moins en partie compensé par le fait que l’abrasion des freins est plus faible, en raison du freinage régénératif lors des faibles décélérations qui permet de recharger la batterie.

Moins de pollution sonore

Enfin, autre effet bénéfique soulevé par la mairie de Paris : la diminution de la pollution sonore aux abords des voies de circulation serait de 3 décibels, soit un bruit deux fois moins important. "Plus la vitesse du véhicule augmente, plus on va avoir des bruits de roulement (pneus sur la route) et d’aérodynamie (air sur le véhicule) et moins le bruit du moteur va être important en proportion. En réduisant la vitesse, on va réduire ces bruits qui sont aussi bien dus aux véhicules thermiques qu’électriques", constate le chercheur sur la transition énergétique des transports.

Avec cette réduction de la vitesse de la circulation, il semblerait donc que ces villes suivent la bonne voie.