Se soigner par les plantes... sans nuire à la planète
L’essor des soins naturels à base de plantes n’est pas sans conséquence sur les ressources de la planète. C’est le constat fait par le Dr Aline Mercan, médecin et phytothérapeute, dans son livre « Manuel de phytothérapie écoresponsable » qui vient de paraître chez Terre Vivante.
Les soins par les plantes connaissent un véritable succès depuis quelques années. D’après un rapport de France AgriMer publié en 2018, c’est sous la forme de compléments alimentaires que les plantes médicinales sont les plus répandues dans l’Hexagone. Cela représente un chiffre d’affaires de 1,92 milliard d’euros. Juste derrière, on retrouve l’aromathérapie (210,7 millions d’euros) et l’herboristerie (13 millions d’euros). Mais cet engouement n’est pas sans préjudice pour la planète.
Des plantes menacées
Dans le monde, il y a 60 000 espèces de plantes médicinales recensées dont 3000 qui font l’objet d’un commerce mondial. Sur ces 3000 espèces, seulement un tiers sont cultivées tandis que les deux tiers sont prélevées dans la nature. C’est ce qu’explique le Dr Aline Mercan, médecin, phytothérapeute et anthropologue, dans son livre « Manuel de phytothérapie écoresponsable », chez Terre Vivante. "On a toujours l’impression que les plantes se cultivent mais la grande majorité des plantes médicinales sont prélevées dans la nature. Quand un animal est en voie d’extinction ça se voit mais on a plus de mal à distinguer les plantes et à s’apercevoir de leur disparition", déclare la spécialiste.
Par ailleurs, ces plantes restent peu étudiées. Mais parmi les 20 % d’espèces qui le sont, 11 % figurent sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et sont menacées de disparaître.
Ce plébiscite pour les plantes sauvages a des raisons économiques : elles ne coûtent rien à faire pousser, il n’y a qu’à les ramasser. Tout comme les autres plantes et les animaux, elles subissent également la pression environnementale avec une raréfaction des aires naturelles qui sont occupées par l’homme et un réchauffement climatique nocif. "On continue de prélever pour un marché en progression alors que la nature est en régression. Mathématiquement, ça ne marche pas", précise le Dr Mercan.
L’attrait mondial récent pour l’aromathérapie - il était rare de distiller des plantes pour un usage thérapeutique avant le XXe siècle - est particulièrement préjudiciable pour les ressources. Les huiles essentielles sont, en effet, des extraits ultra concentrés qui réclament des quantités de plantes extrêmement importantes.
Des bilans carbones plus élevés
Dans son livre, le Dr Mercan explique aussi que les importations de végétaux ont une incidence sur le bilan carbone. Ainsi, 80 % du thym consommé en France viendrait de Pologne et près de 3500 tonnes de végétaux non transformés sont importés de Chine ce qui équivaut à 560 tonnes de CO2 rejetés dans l’atmosphère. En l’espace de dix ans, la France a importé plus de 126 % d’huiles essentielles en volume, selon le rapport de France Agrimer. D’autres secteurs polluent davantage, mais c’est un effet collatéral supplémentaire.
Des produits de moins bonne qualité
En outre, il règne un certain flou sur le marché des compléments alimentaires bien que le législateur ait tenté de le réglementer pour augmenter les contrôles. "Les industriels ont fait l’inverse de qu’il avait escompté. Ils ont tous passé leurs produits en complément alimentaire pour éviter de payer des dossiers d’autorisation de mise sur le marché coûteux du médicament, ce qui a eu pour conséquence moins de contrôle", précise la phytothérapeute. Dans ce contexte, difficile de distinguer les bons produits des autres.
Des bilans carbones plus élevés
Dans son livre, le Dr Mercan explique aussi que les importations de végétaux ont une incidence sur le bilan carbone. Ainsi, 80 % du thym consommé en France viendrait de Pologne et près de 3500 tonnes de végétaux non transformés sont importés de Chine ce qui équivaut à 560 tonnes de CO2 rejetés dans l’atmosphère. En l’espace de dix ans, la France a importé plus de 126 % d’huiles essentielles en volume, selon le rapport de France Agrimer. D’autres secteurs polluent davantage, mais c’est un effet collatéral supplémentaire.
Une tisane, une poudre ont des effets bénéfiques et nécessitent beaucoup moins de végétaux que des HE. "Pour soigner un rhume, une tisane en origan se fera avec 20 g de plantes par litre, soit 15 à 30 fois moins de plantes par jour que les doses d’huiles essentielles préconisées. On peut réaliser un mois de traitement avec la tisane contre un à deux jours de traitement avec l’HE ! Et de telles doses d’HE ne sont pas forcément nécessaires pour un rhume", souligne le Dr Mercan.
Il ne s’agit pas pour autant de bannir les huiles essentielles mais de penser à d’autres solutions de prime abord. Il faut également savoir que certaines HE comme celle de citron, d’estragon, d’eucalyptus, par exemple, posent moins de problème pour la nature car les ressources sont assez nombreuses.
La traçabilité est malheureusement compliquée du fait des intermédiaires, d’autant plus lorsqu’il s’agit de plantes exotiques. Mais on peut s’appuyer sur divers labels et par exemple sur l’Association française des professionnels de la cueillette de plantes sauvages (AFC) qui a établi une charte des bonnes pratiques et essaye de fournir des plantes traçables.
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