"Les agneaux sacrifiés du réchauffement climatique" : le discours percutant de la Première ministre de la Barbade à la COP26
La Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, n’a pas mâché ses mots à la tribune de la COP26 quant à la situation critique des pays insulaires et du Sud causée par le réchauffement climatique et l’inaction des nations les plus riches, qui font partie des plus pollueuses.
Alors que la COP26 s’est ouverte à Glasgow le 31 octobre 2021 pour une dizaine de jours, Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade, pèsera-t-elle dans la balance pour faire avancer les choses ? En tout cas, son discours prononcé au pupitre de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique n’a pas laissé indifférent. La dirigeante a exposé son regard sur l’inaction climatique en marche en soulignant notamment l’injustice à laquelle sont confrontés les nations les plus pauvres. Les États insulaires et du Sud sont "les agneaux sacrifiés du réchauffement climatique", a-t-elle déploré. En effet, les pays insulaires en voie de développement, grignotés progressivement par la montée des eaux, sont touchés de plein fouet par le dérèglement climatique, alors même que ce sont principalement les économies développées qui sont responsables du réchauffement climatique. Et les régions pauvres n’ont pas les moyens de mener ce combat. D’autant plus que le financement climatique des petits États insulaires en développement a diminué de 25 % en 2019. "Le fait de ne pas fournir suffisamment de financement essentiel aux petits États insulaires se mesure en termes de vie et de moyens de subsistance dans nos communautés. C’est immoral et c’est injuste", a déclaré la Première ministre face aux dirigeants des grandes puissances. Car manquent à l’appel, les premières victimes du climat, ce sommet étant marqué par l’absence de bon nombre de pays du Sud.
"Une condamnation à mort"
Mia Mottley n’a pas hésité a employé des mots forts pour s’adresser à ses homologues présents, arguant que la hausse des températures serait fatale pour les habitants des Maldives, d’Antigua, de la Barbade, des Fidji, du Kenya, du Mozambique et des Samoa. "Nous ne voulons pas de cette condamnation à mort et nous sommes venus ici pour dire ‘Essayez plus fort’ parce que notre peuple, le climat ont besoin de nos actions maintenant."
Elle a poursuivi en pointant du doigt les incohérences des décisions prises. "Nous venons à Glasgow avec l’ambition mondiale de sauver notre planète et nos peuples. Mais nous trouvons maintenant des lacunes, sur l’atténuation, les engagements climatiques. Sans plus, nous laisserons le monde sur une trajectoire à 2,7 degrés et avec plus, nous risquons encore d’obtenir 2 degrés. Ces engagements pris par certains reposent sur des technologies encore à développer. Ce sont au mieux, imprudents et au pire, dangereux." Pour rappel, l’objectif de l’Accord de Paris est de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2 degrés, de préférence à 1,5 degré Celsius.
"Si Glasgow veut tenir la promesse de l’Accord de Paris, il doit combler ces lacunes. Je vous demande, que devons-nous dire à notre peuple, vivant en première ligne dans les Caraïbes, en Afrique, en Amérique latine, dans le Pacifique, quand l’ambition et, malheureusement, certains des visages nécessaires à Glasgow, ne sont pas présents ? Quelle excuse devrions-nous donner pour l’échec ?" De rajouter : "En termes simples, quand les dirigeants dirigeront-ils ? Nos gens regardent et nos gens en prennent note. Et allons-nous vraiment quitter l’Écosse sans la détermination et l’ambition dont nous avons cruellement besoin pour sauver des vies et sauver notre planète ? Sommes-nous si aveuglés et endurcis que nous ne pouvons plus apprécier les cris de l’humanité ?".
Emmanuel Macron appelle à la solidarité
Son discours résonnera-t-il assez fort pour enclencher une véritable prise de conscience des différents gouvernements ? Si un engagement historique a été pris ce 2 novembre lors de la COP26 au sujet des émissions de méthane, faut-il encore que les nations tiennent leurs promesses : cinq ans après a la COP21, le constat est amer.
Emmanuel Macron, qui a également pris la parole lundi, a appelé à la solidarité pour lutter contre le changement climatique, en soulignant que les pays riches devaient prendre leurs responsabilités pour financer la transition énergétique dans les pays en voie de développement à hauteur de 100 milliards de dollars par an jusqu'en 2025, comme ils s'y étaient engagés. Le président de la République a toutefois indiqué que la France, condamnée par la justice pour son inaction climatique, et l'Union européenne payaient déjà leur "juste part". "Le succès est à portée de main si nous nous mobilisons, décidons et agissons" ensemble, a souligné le président français.