Pesticides à risques : quels sont les fruits et légumes les plus contaminés ?
Alors que la Semaine pour les alternatives aux pesticides se poursuit qui, pour rappel, se déroule du 20 au 30 mars, l’UFC-Que Choisir a publié, jeudi dernier, les résultats de son rapport sur la contamination aux pesticides des fruits et légumes vendus en France. Et autant dire que le constat est amer.
Le 24 mars dernier, l’UFC-Que Choisir a publié ce qu’elle appelle son « analyse critique » sur les aliments vendus en France, qui s’appuie sur les contrôles sanitaires officiels. Pour dresser son constat, l’association a examiné les analyses officielles de 14 000 échantillons de produits bio et conventionnels. Résultat : notre assiette contient encore trop de substances indésirables.
En effet, plus de la moitié des fruits et légumes issus de l’agriculture intensive testés sont contaminés aux pesticides. Les auteurs de l’étude ont trouvé 150 substances suspectées d’être cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens.
Au total, 51 % des contrôles présentaient au moins un pesticide à risque et 30 % en contenaient au moins deux. Et il n’agit pas uniquement de résidus présents à l’état de traces non quantifiables puisque dans 43 % des cas, les autorités ont pu mesurer les doses de produits problématiques.
Les cerises et les pommes, les plus contaminées
Parmi les aliments les plus contaminés en agriculture conventionnelle, les cerises arrivent en tête (91,9 % des échantillons). Le principal coupable ? Le phosmet, un insecticide suspecté par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Anses) d’être toxique pour la fonction reproductrice, retrouvé dans 47 % des échantillons.
Les pommes, contaminées à hauteur de 80 %, sont le plus souvent contaminées par le fludioxonil (48 % des échantillons), un fongicide soupçonné d’être un perturbateur endocrinien. De plus, on retrouve du pyriproxyfène dans un quart des pomelos analysés (27,4 %), également suspecté d’être un perturbateur endocrinien, qui serait également responsable de microcéphalies (malformations de la tête et du cerveau) au Brésil.
Voici les 10 produits issus de l’agriculture intensive les plus contaminés à éviter !
Choisir des fruits et légumes bio
Sans surprise, les produits issus de l’agriculture biologique s’en sortent beaucoup mieux, du fait de l’interdiction des pesticides de synthèse dans ce mode de production. Pour exemple, les tomates bio sont six fois moins contaminées que celles du marché conventionnel. Les haricots verts bio sept fois moins, et les pommes huit fois moins.
Notons également que parmi les aliments bio contaminés, la proportion en pesticides à risques est moins élevée.
Comme le rappelle l’UFC, le programme National Nutrition Santé du ministère de la Santé recommande la consommation de produits issus de l’agriculture biologique, notamment aux populations les plus vulnérables aux substances chimiques (femmes enceintes, enfants et adolescents).
Une réglementation obsolète
L’association Que Choisir déplore une réglementation obsolète en matière de pesticides. Et pour cause, celle-ci ne permet pas de garantir l’absence de risque dans les aliments, les contrôles sanitaires se basant sur les limites maximales de résidus autorisées (LMR). Or, les substances susceptibles d’être dangereuses pour la santé pourraient l’être même à très faibles doses, avertit l’UFC.
"Bien que les études indépendantes s’accumulent pour alerter de la dangerosité de certains pesticides, les agences sanitaires continuent de les autoriser sur la base des études transmises par les fabricants. Elles attendent généralement la fin des périodes d’autorisation pour procéder aux réévaluations. Ainsi le pyriproxyfène, ne sera réexaminé qu’en 2035 !", dénonce-t-elle.
Alors que la France ignore l’interdiction européenne des néonicotinoïdes, elle a prolongé l’utilisation de certaines de ces substances pour la production de betteraves jusqu’à la fin 2022. L’UFC-Que Choisir rappelle que "ces pesticides tueurs d’abeilles sont également soupçonnés d’agir sur le développement du système nerveux humain." Autre incompréhension : la prolongation par la Commission européenne en 2017 de l’utilisation du glyphosate pour cinq ans, et ce, malgré l’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui considère l'herbicide de Bayer-Monsanto comme un cancérogène probable.
Pour faire évoluer la réglementation, et qu’elle soit davantage alignée aux recommandations sanitaires, l’UFC-Que Choisir a saisi l’Anses. Le but est aussi d’obtenir des propositions concrètes, et ainsi protéger la santé des consommateurs. Affaire à suivre donc.