Surconsommation de poissons : quelles espèces privilégier ?
Selon l’Aquaculture Stewardship Council (ASC), si la France ne consommait que du poisson et produits de la mer issue de ses eaux, depuis le 2 mai 2022, on ne pourrait consommer que des poissons issus de l’importation. Quelles sont les espèces les plus exposées ? Quels poissons privilégier ? On fait le point.
La France possède la plus grande zone économique exclusive du monde avec 11 691 000 km² : elle ne manque donc pas d’espace pour la pêche et l’élevage de poissons. Malgré tout, elle dépend à 66 % de l’importation pour ses produits de la mer selon l’Aquaculture Stewardship Council (ASC). Elle est le 5e pays importateur de poissons au même rang que l’Allemagne, l’Italie et la Corée du Sud d’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
En 2018, ce sont 179 millions de tonnes de poissons qui ont été produits dans le monde, dont 156 millions pour l’alimentation humaine. La consommation de produits de la mer s’élève donc à 20,5 kilos sur un an par personne. Et selon FranceAgriMer, en 2021, les Français ont consommé 33,5 kilos de produits de la mer par personne. Un chiffre colossal.
En effet, selon ASC, "transposé à une année, cela signifie qu’au-delà du 2 mai, tous les poissons consommés en France sont issus de l’importation. Ainsi, si les consommateurs n’achetaient que du poisson produit localement, les rayons seraient vides en mai. Une date qui recule d’année en année puisqu’en 2012, ce “jour de la dépendance au poisson” se positionnait le 21 mai, portant la production française de l’époque à 38 %."
Saumon, thon, cabillaud, crevettes : ces produits que les Français aiment tant
Les produits préférés des Français issus de la mer sont le thon, le saumon, le cabillaud et les crevettes. Autant de produits qu’on ne trouve pas toujours dans les eaux françaises. En effet, ces quatre poissons sont principalement importés.
Autre problème : le saumon et les crevettes sont souvent issus d’élevage. Pour rappel, la France est le premier consommateur de Saumon en Europe, mais Arnaud Gauffier, directeur des programmes pour le WWF regrette qu’il n’y ait qu’un seul élevage en activité dans l’Hexagone. L’élevage vient surtout de Norvège, premier producteur mondial. "Que l’élevage soit fait en Norvège, au Chili, en Écosse ou en France, on a les mêmes problèmes. L’idée, c’est certes de relocaliser, mais surtout d’en manger beaucoup moins. Avant le saumon, c’était simplement à Noël, aujourd’hui, on ne trouve pas une boulangerie qui ne propose pas un sandwich au saumon", a expliqué l’organisation WWF à Libération.
Consommez mieux et moins de poissons
Pour vous aider à consommer des produits de la mer de manière plus responsable, l’association Bloom recommande de réduire sa consommation de poissons. Une alimentation durable s’élèverait à 8 kilos de poissons par personne et par an, ce qui est nettement moins qu’actuellement. Presque quatre fois moins en somme ! Bloom conseille également de "diversifier son assiette", avec des espèces comme le merlu, le tacaud, le merlan blanc ou encore la sardine. Ils sont riches en oméga-3 et généralement appréciés pour leur goût.
L’association souligne "qu’ils accumulent moins d’éléments chimiques toxiques. Il faut parallèlement se “méfier des labels”…" De rajouter : "Aucun label clamant une pêche durable ne garantit que le poisson certifié soit effectivement durable".
Enfin, Bloom préconise de favoriser les circuits courts et d’éviter le saumon et la crevette d’élevage. Par ailleurs, l’association Pleine Mer a mis en place une carte de circuits courts de la pêche artisanale pour aider le consommateur à s’y retrouver.