Booster son pool de fer naturellement
C’est le trouble nutritionnel le plus fréquent au monde, handicapant au quotidien. Il est pourtant sous-diagnostiqué et dans bien des cas, mal traité. Le complément prescrit peut-être sans résultat efficient et très agressif pour l’organisme. Comment détecter une carence et y remédier naturellement ? Le point.
La question du manque de fer est cruciale. Selon l’OMS, c’est la seule carence en nutriments dont la prévalence est élevée dans les pays industrialisés, ses manifestations sont subtiles et les principales conséquences sont la mauvaise santé et les décès prématurés. « Elle constitue une affection de santé publique ayant atteint des proportions épidémiques ».
La vie tient à quelques grammes de fer
Cet oligo-élément ne représente que 0,005 % du poids corporel, il n’y en a même pas 5 g, répartis dans la plupart des organes et en divers points des cellules, pour participer à des actions vitales. Il est majoritairement héminique, c’est à dire incorporé dans la structure de l’hème. Ainsi, il devient un élément des globules rouges qui apportent l’oxygène aux cellules et récupère le gaz carbonique, participe à la mise en réserve d’oxygène, sous forme de myoglobine, dans les muscles.
Il entre aussi dans la composition d’enzymes (sous forme héminique ou non-héminique) qui conditionnent de très nombreuses réactions métaboliques essentielles.
Les causes du manque de fer
- Le fer, on en perd un peu tous les jours (dans les selles, la desquamation des cellules de l’intestin, de la peau, les urines et les menstruations). On en recycle aussi tous les jours. Le fer des globules rouges est récupéré après leur destruction et recyclé. On en pioche aussi dans l’alimentation - surtout dans les produits carnés et en moindre mesure les végétaux. L'absorption intestinale du fer consommé est finement régulée en fonction des besoins. A quelques milligrammes prêts de fer, tout change et les fonctions métaboliques dans lesquelles le fer intervient sont perturbées. Le manque de fer peut être dû à :
- Un défaut d’apport et/ou d’absorption du fer. Le passage du fer dans le sang peut être gêné par des molécules alimentaires inhibitrices de l’absorption du fer ou dans le cas de maladies chroniques de l’intestin. Certains médicaments, comme des antiacides pour soulager des brûlures d’estomac, nuisent à l’acidité de l’estomac essentielle à la transformation du fer alimentaire en une forme assimilable par l’organisme.
- Une perte excessive de fer par le biais du sang (règles abondantes, grossesses répétées, pertes de sang chronique dans les selles suite à un ulcère, micro-saignements dans l’estomac dus à des prises au long court d’aspirine, d’anti-inflammatoires…).
Résultat, le pool du fer baisse jusqu’à amener une anémie ferriprive.
Symptôme de l’anémie ferriprive
Les signes d’alerte sont corrélés à une certaine vitesse d’installation de l’anémie et/ou de sa gravité. Il peut y avoir :
- Une fatigue anormale accompagnée d’une moindre résistance aux infections extérieures ;
- Des maux de tête, Des étourdissements, Une diminution des performances intellectuelles ;
- Des pieds et mains froides ;
- Un teint pâle, une perte de cheveux, des ongles cassants ;
- Un pouls rapide avec un essoufflement plus prononcé à l’effort voire des troubles cardiaques : un effort de contraction est demandé au muscle cardiaque.
En cas de doute, une prise de sang est indispensable.
Les 5 secrets pour booster son pool de fer avec l’alimentation
C’est la première mesure qui s’impose. Le fer alimentaire est beaucoup mieux absorbé. Surtout, au sein de sa matrice naturelle, il n’est pas nu et ainsi n’agresse pas l’organisme.
Manger des produits carnés, au moins une fois par jour qui apportent des quantités notables de fer héminique, le mieux assimilé. Surtout du boudin, du foie et des viandes rouges.
Accompagner les produits carnés de végétaux : des céréales, des légumes secs, des fruits secs oléagineux (y compris le chocolat noir). Ils contiennent du fer non héminique et son absorption dépend de facteurs qui favorisent ou compromettent sa biodisponibilité. Ces végétaux contiennent des phytates qui gênent l’absorption du fer. Les aire tremper, les faire germer, fermenter, les faire cuire, limite la teneur en phytates. La viande et le poisson auraient une vertu activatrice. C’est pourquoi leur association est intéressante. Les protéines de soja ont au contraire un effet inhibiteur.
Manger des crudités
Leur vitamine C facilite grandement l’absorption du fer non héminique. Elle permet la formation d’un chélate de fer, soluble avec à la fois avec le PH faible de l’estomac et celui plus basique de l’intestin. Une étude a révélé que si en plus, les aliments du repas sont salés, cela peut quadrupler l'absorption du fer des céréales.
Attention au calcium
Il entre en compétition avec le fer car pour être absorbé, il se lie aux mêmes protéines. Eviter au repas simplement le fromage et les laitages (inutile de d’arrêter tous les aliments contenant du calcium !) et la prise de complément nutritionnel en calcium.
Pas de thé et café au repas
Les tanins contenus forment des précipités insolubles avec le fer, les tannates de fer.
En cas de carence importante
Un complément alimentaire s’avère indispensable. Ne jamais prendre de comprimés entérosolubles et/ou contenant de la vitamine C, sous peine d’ingérer une bombe oxydative. Le fer nu est pro-oxydants, catalyse la formation de radicaux libres, surtout en présence de vitamine C. C’est la réaction de Fenton. Elle transforme la vitamine C, antioxydant protecteur, en pro-oxydant agressif. Prenez-le une heure avant un repas ou deux heures après afin d’échapper aux inhibiteurs alimentaires et un jour sur deux pour une absorption maximale[1].
Attention : pas de supplémentation en fer au nom du principe de précaution. Le fer est un facteur de croissance des virus, des bactéries, des champignons, des parasites et des cellules cancéreuses. En excès, il accélère le vieillissement et les risques de maladies dégénératives dans pratiquement tous les tissus.
[1] Moretti D. Oral iron supplements increase hepcidin and decrease iron absorption from daily or twice-daily doses in iron-depleted young women. Blood. 2015 Oct 22;126(17):1981-9. doi: 10.1182/blood-2015-05-642223.