Les magasins bio en perte de vitesse
Les boutiques bio connaissent une baisse de leur chiffre d’affaires. La faute à la crise mais aussi à l’offre proposée par les supermarchés. Les consommateurs se tournent aussi directement vers les producteurs.
La crise et ses conséquences sur le pouvoir d’achat auraient-elles franchi les portes des magasins bio? Depuis plusieurs mois, à l’image du réseau Biocoop, les boutiques spécialisées en distribution de produits biologiques connaissent un net tassement d’activité. Habitués depuis plusieurs années à surfer sur une croissance exceptionnelle, certains magasins font face pour la première fois à une évolution négative de leur chiffre d’affaires.
« Ça nous tire depuis six mois. La chute est de l’ordre de – 1 à – 5% et se traduit surtout par une baisse du panier moyen de nos clients », constate Claude Colin, la directrice de la Coopérative d’alimentation biologique d’Anjou (Caba) qui chapeaute trois boutiques Biocoop de l’agglomération d’Angers. « La crise, qui nous avait épargnés ces deux dernières années, nous rattrape. Depuis janvier, nous constatons une régression de l’ordre de 5 à 7% qui se poursuit jusqu’à maintenant », constate Jean-Marc Lachat, créateur de l’enseigne So Bio dans l’agglomération bordelaise.
Les habitudes changeantes des clients
Fin d’un âge d’or? « Changement de donne », préfère évoquer Claude Colin, qui refuse de voir dans ce ralentissement la seule conséquence de la baisse du pouvoir d’achat. La concurrence des rayons bio des grandes surfaces est une évidence « difficile à quantifier cependant ».
« Des clients ont changé aussi leurs habitudes, analyse Claude Colin. Ceux qui résident le plus loin ont tendance à venir moins souvent. Certains ont trouvé à se fournir près de chez eux, directement chez les producteurs, via des Amap ou sur les marchés. C’est une logique qui a du sens pour nous aussi et qu’on ne va pas condamner. » Mais si le ralentissement enregistré en 2009 n’avait pas outre mesure surpris les responsables de boutiques bio, la situation actuelle les oblige à se repositionner et à communiquer encore. « Pour nous, insiste la responsable des Biocoop angevines, le message à privilégier reste celui d’une production biologique en lien avec son territoire. »
leparisien.fr - Yves BOITEAU avec Pierre SAUVEY à Bordeaux | 17.05.2010, 07h00