Cosmétiques naturels et biologiques : bientôt un label européen ?

Par Bioalaune publié le

  Harmoniser le marché des cosmétiques naturels et biologiques  

Le marché des cosmétiques naturels et biologiques étant en pleine expansion, les différents organismes nationaux européens ont décidé d'harmoniser leurs référentiels et de se réunir en une charte commune appelée "Cosmos-standard".
 

L'intérêt croissant des consommateurs pour les cosmétiques bio implique aujourd'hui une profonde mutation de la filière de la cosmétique écologique et biologique. En quête de sens et d'authenticité, les consommateurs attendent plus de transparence, de garantie, de sécurité et de naturel.

 

Il faut dire que passer de l'utilisation de matières premières d'origine synthétique et pétrochimique, mises au point par des décennies de recherche, à l'utilisation d'ingrédients d'origine naturelle en privilégiant ceux issus de l'agriculture biologique est en effet un véritable défi pour les professionnels du secteur.
 

Contrairement au domaine alimentaire, les cosmétiques naturels et bio, qui ne rentrent pas dans le champ d'application du règlement européen relatif à la production et à l'étiquetage des produits biologiques, ne bénéficient pas, encore aujourd'hui, d'une réglementation communautaire.
 

Le vide européen a donc été comblé par des initiatives privées comme celle de Cosmébio et Écocert en France, du BDIH en Allemagne, d'ICEA en Italie, de la Soil Association en Grande-Bretagne, du BioForum en Belgique... chacun de ces organismes établissant des chartes et des procédures, qui, si elles reposent sur un socle commun (des produits cosmétiques respectueux de l'homme et de l'environnement), comportent des nuances et des spécificités différentes.
 

Pas facile de s'y retrouver pour le consommateur... Un groupe d'harmonisation a ainsi été créé.

 

Un référentiel international pour les cosmétiques naturels et biologiques
 

BDIH (Allemagne), COSMEBIO (France), ECOCERT Greenlife (France), ICEA (Italie) et SOIL Association (Royaume-Uni) ont ainsi annoncé le 18 mai dernier la constitution de l'AISBL COSMOS-standard, une association internationale sans but lucratif dont l'objet est de développer COSMOS-standard, un référentiel international et internationalement reconnu pour les cosmétiques naturels et biologiques.
 

Pourquoi "Cosmos"? Car c'est l'abréviation de "COSMetic Organic Standard", "Cosmetic Organic and Natural Standard".
Ce nouveau cahier des charges européen offrira deux labels aux consommateurs, l'un pour les produits cosmétiques biologiques ("Cosmetic organic") et l'autre pour les produits cosmétiques naturels ("Cosmetic natural").

L'objectif est de définir, avec un cahier des charges commun, des règles et des exigences pour l'ensemble des produits cosmétiques naturels et biologiques européen.
 

Cette association des labels de cosmétiques biologiques aura pour but de :

- homologuer et contrôler une procédure de certification de haute qualité des produits;
- promouvoir l'utilisation des produits issus de l'agriculture biologique et respecter la biodiversité;
- utiliser les ressources naturelles de façon responsable et respecter l'environnement;
- utiliser des procédes de fabrication et transformation non polluants et respectueux de la santé de homme et l'environnement;
- intégrer et développer le concept de la "Chimie Verte".

" Aujourd'hui est un grand jour et une étape importante pour le secteur " a déclaré Gaetano Paparella, président d'ICEA. "Cette Association Internationale assurera la collaboration entre toutes les parties prenantes pour le bénéfice des consommateurs", a ajouté Harald Dittmar du BDIH.
"L'Association offrira également une plateforme d'échange d'expérience scientifique, sociale et économique aussi bien dans le domaine des cosmétiques biologiques et naturels que dans celui des matières premières et méthodes de transformation ",a déclaré Pierre Charlier, Secrétaire du Conseil d'Administration de l'AISBL.

 

De nouvelles exigences plus strictes
 

Selon le label cosmébio, les ingrédients d'un produit cosmétique se classent en 5 catégories : eau, ingrédients mineraux, agro-ingrédients physiquement transformés, agro-ingrédients chimiquements transformés, autres ingrédients.
Deux catégories d'ingrédients ne peuvent pas être certifiés bio : l'eau et les ingrédients minéraux.
Le Cosmos-Standard affiche un principe de précaution à tous les niveaux de la chaîne de production, des matières premières aux produits finis, ainsi qu'un souci de totale transparence vis-à-vis du consommateur.

La reglémentation COSMOS impliquera :

- que l'eau utilisée soit de l'eau potable, de l'eau de source, de l'eau obtenue par osmose, de l'eau distillée ou de l'eau de mer;
- que les minéraux et les ingrédients d'origine minérale soient purs et naturels et obtenus par traitement d'extraction respectueux de l'environnement;
- que les agro-ingrédients physiquement transformés (qui peuvent être d'origine végétale, animale ou microbienne) soient uniquement des agro-ingrédients respectant la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES);

• Sont interdits les agro-ingrédients : issus de plantes ou dérivés génétiquement modifiés ou extraits d'animaux vivants ou venant d'abbatoirs.
- que les agro-ingrédients chimiquement transformés soient issus de la chimie verte, c'est-à-dire réduisant ou éliminant l'utilisation et la synthèse de substances dangereuses;
- que l'utilisation de substances auxiliaires (solvants, agents de séparation,..) soient supprimés autant que possible.

Exigences pour les ingrédients

• Au minimum 95% des agro-ingrédients physiquement transformés doivent être issus de l'agriculture biologique certifiée.

Exigences sur le produits fini

• La teneur en ingrédients issus de l'agriculture biologique sur l'ensemble du produit doit être au minimum de 20% (La charte Cosmébio impose actuellement un minimum de 10 % d'ingrédients issus de l'agriculture biologique dans le produit cosmétique fini).
• La teneur en ingrédients issus de l'agriculture biologique pour les produits rinsés, lotions et poudres doit être au minimum de 10%.
Attention !
• Ce poucentage prend en compte l'ensemble des ingrédients entrants dans la composition de la formule même s'ils ne sont pas certifiables (tels que l'eau et les minéraux). Il faut en effet se rappeler que l'eau, qui peut composer un cosmétique à plus de 50 %, n'est pas labellisable.

 

Perdus dans le "cosmos" ?!
 

La question est maintenant de savoir si "Cosmos" va se doter d'un nouveau logo sur nos produits cosmétiques. Dans un premier temps, l'option choisie est de ne pas créer de nouveau label visuel. Les produits " Cosmos " porteront donc, éventuellement aux côtés de leur label " national ", une simple mention.
Sur les étiquettes, on devrait donc toujours trouver les labels des différentes chartes de cosmétiques bio en Europe, qui seraient alors complétés d'une mention prouvant le respect de la charte Cosmos, "organic" ou "natural".

évolutionner le marché des cosmétiques bio ?

Ses exigences en matière de qualité, de respect de l'environnement et de transparence vis-à-vis du consommateur ne peuvent que faire avancer ce marché dans le bon sens.
On attend maintenant de voir évoluer "Cosmos" en espérant que le consommateur, déjà perdu au milieu de la nébuleuse des labels bio, arrive à se retrouver...

 

bioaddict.fr - Stella Giani